Je joue, donc j’existe

Je joue, donc j’existe

9 août 2023 Non Par Paul Rassat

Marc-Alain Ouaknin dans Concerto pour quatre consonnes sans voyelles écrit un chapitre nommé Je joue, donc j’existe.

L’enfant et le jeu

«  La naissance  d’Isaac, dont le nom signifie « il rira, il jouera », et la mise en scène théâtrale de son « non-sacrifice », viennent fonder l’interdiction du meurtre de l’enfant. Le « non-sacrifice d’Isaac n’est pas la bravoure du croyant prêt à sacrifier un homme pour Dieu. Dieu n’a pas besoin de ce genre de sacrifice. Il est la marque de la nécessité de laisser vivre l’enfant et le jeu dont il est le porteur…

   L’enfant est potentiellement ; mille virtualités demeurent ouvertes devant lui. Plus nous avançons dans la vie, plus nous nous déterminons et rétrécissons le champ des possibles.

   L’homme devient « réel » en perdant continuellement des possibilités. «  L’enfant est de façon indéterminée, tout. L’homme avancé en âge, peu de choses, de façon déterminée. On vient au monde comme être multiple ; on meurt comme un. »

Penser c’est dépasser

Ouaknin explique que Rabbi Naham à la fin de sa vie préféra conter plutôt qu’enseigner. Et puis, il joua systématiquement aux échecs, «  plus particulièrement avec des hérétiques. » Il était ainsi en accord avec  Ernst Bloch «  Penser c’est dépasser… Le plus beau dans la religion, c’est qu’elle engendre des hérétiques. » Ouaknin ajoute «  Seul un hérétique peut être un bon juif, seul un bon juif peut être un hérétique. » Pour répondre à l’étonnement qu’il provoquait, Rabbi Naham affirma que ses contes étaient supérieurs à son enseignement et que son niveau aux échecs était supérieur à celui de ses contes.

L’enfant

On rappelle l’étymologie du mot enfant en signalant que c’est « celui qui ne parle pas ». Il ne parle pas car il aurait tellement à dire ! Ceux qui parlent, à l’inverse, se contentent souvent d’occuper le terrain, les médias. Ils nous demandent de « regarder la réalité en face ». LA réalité. Ils ne jouent pas. Ils sont déjà UN.