Libre arbitre

Libre arbitre

29 mai 2025 Non Par Paul Rassat

Voici un texte repéré sur Linkedin. Il est dû à Éric Ferdel, repris par Marc Amerigo. Il y est question des détails qui font la perfection, et du libre arbitre.

“Les détails font la perfection, et la perfection n’est pas un détail.”

Léonard de Vinci

« Lorsqu’en 1512, Michel-Ange acheva enfin la fresque du plafond de la Chapelle Sixtine, considérée comme l’une des œuvres les plus célèbres de l’histoire de l’art, les cardinaux administrateurs restèrent pendant des heures pour regarder et admirer cette magnifique fresque. Après l’analyse, ils ont rencontré le maître des arts, Michel-Ange, et sans aucune gêne, ont critiqué un détail en particulier…

La critique, évidemment, ne portait pas sur l’ensemble de l’œuvre, mais sur un détail, apparemment discutable.

Déjà, le digital

Michel-Ange avait conçu le panneau de la création de l’homme avec les doigts de Dieu et d’Adam se touchant. Les administrateurs ont exigé qu’il n’y ait pas de contact, mais que les doigts soient plus éloignés l’un de l’autre : que le doigt de Dieu soit toujours étendu au maximum, mais que le doigt d’Adam soit avec les dernières phalanges contractées.
Un détail simple mais avec un sens étonnant : Dieu est là, mais la décision de le chercher appartient à l’homme. S’il veut étendre son doigt, il le touchera, mais s’il ne le veut pas, il peut passer toute une vie sans le chercher. La dernière phalange contractée du doigt d’Adam représente alors le libre arbitre. »

Le centre, un détail ?

Nous avions déjà abordé la question du détail Via Daniel Arasse et son livre Le détail. Pour une histoire rapprochée de la peinture. On y lit : « Du Fresnoy avait écrit : « J’entre en matière et je trouve d’abord une toile nue (pour ainsi dire) de notre tableau ». Une machine est un juste assemblage de plusieurs pièces pour produire un même effet. Et la disposition dans un tableau n’est autre chose qu’un assemblage de plusieurs parties dont on doit prévoir l’accord et la justesse pour produire un bel effet… »        

 La mécanique et le tout

Daniel Arasse souligne la différence entre la mécanique du tableau, « proprement matériel », et la machine, « l’opération intellectuelle par laquelle le peintre conçoit la disposition, c’est-à-dire l’arrangement des pièces du tableau. ». « Les forces en présence font ce qu’elles ont à faire », pour reprendre Albert Jacquard. Dans le tableau, le détail concourt à l’ensemble. Le tableau ne comporte aucun centre, c’est l’ensemble qui tient par les détails et les détails qui tiennent par l’ensemble. Vu de près, le détail permet de voir la « machinerie ».

Machinerie et mécanique

Le chat est à l’intérieur, comme le mouton de Saint-Ex.

Revenons à la notion de libre arbitre. Les neurosciences montreraient que notre cerveau fonctionne à 97% en pilotage automatique. Biais cognitifs, conditionnements divers, paresse…permettent au cerveau de ne pas refaire en permanence le monde entier par des raisonnements qui l’épuiseraient. Restent 3% qui pourraient correspondre à ce que l’on nomme le libre arbitre. En voici une interprétation moins spirituelle que la fresque de Michel Ange, mais tout aussi parlante. La mécanique quantique nous apprend que, pour savoir si le chat est vivant, il suffit d’ouvrir la boîte. Prendre une initiative. Afin d’apporter plus de force philosophique à l’expérience, disons-nous que nous sommes le chat en question. Ouvrons la boîte au lieu de nous dire que nous sommes en capacité de pouvoir nous poser la question de savoir si.