L’inclusivité partagée, donc pléonastique
24 janvier 2025— L’inclusivité, l’inclusivité, on entend plus parler que de ça.
— Et alors ?
— Ton inclusivité, elle exclut les non inclusifs.
— C’est normal. S’ils étaient inclusifs, tout le monde serait inclus. Mais ils s’excluent d’eux-mêmes.
— Il vaut mieux, parce que si tout le monde est inclus, il n’y a plus d’exclus, donc d’inclusivité. Tu ne comprends pas ? Si tout le monde était riche, personne ne le serait.
— Pourquoi ?
— Réfléchis : il n’y a des riches que parce qu’il y a des pauvres.
— C’est pour ça que les riches veulent devenir de plus en plus riches et maintenir les pauvres dans la pauvreté ?
— Exactement. Passé un certain seuil, avoir de plus en plus d’argent ne sert plus à rien, sinon à te mettre à l’abri des pauvres et de la pauvreté dans laquelle tu les maintiens en prenant tout l’argent.
— Pour l’inclusivité, qu’est-ce que tu proposes ?
— Si tu veux inclure tout le monde, et si l’inclusion est la norme, comment veux-tu préserver les différences, la diversité ?
— Justement, en les incluant pour les préserver.
— Mais tu n’as pas l’exclusivité de l’inclusivité. Il y a d’autres formes d’inclusivité minoritaires qui veulent rester minoritaires et excluent ton inclusivité.
— On tourne en rond.
— Le pléonasme est une forme d’inclusivité très rassurante. Essaye de tourner en carré. Cependant, il ne faut pas confondre l’inclusivité et l’inclusion. La première donne les mêmes droits à toutes et tous. L’inclusion, en math, c’est le fait qu’un ensemble est inclus dans un ensemble plus grand. L’inclusion est donc un mouvement infini. Revenons à l’inclusivité. Si elle était parfaitement appliquée, tout le monde aurait les mêmes droits, donc il n’y aurait plus de droit.
— Parce qu’on n’en aurait plus besoin.
— C’est impossible. Si on avait tous les mêmes droits, ce serait la démocratie.
— Au contraire.
— Ben non. Si nous avons tous les mêmes droits, pourquoi élire des représentants ?
— Ou des représentantes.
— Ne joue pas au plus malin. Je te laisse méditer cette phrase de Pierre Légaré : « Il faut manger des animaux, sans quoi ils vont manger toute la nourriture des végétariens. »
Codicille
Le dessin est d’Alain Kokor, dans Simon & Lucie. Les deux visages forment-ils un vase ou bien le vase a-t-il la forme de deux visages?