Magritte et la banane du père noël de Bellac
26 novembre 2024Ceci n’est pas un Magritte. Et c’est pourtant un Magritte dénaturé par les 121 millions de dollars qu’il a coûté aux enchères. Quand vous voyez un tableau à ce prix, voyez-vous le tableau, ce qu’il figure, ce qu’il représente, soit 121 millions de dollars ? L’imaginez-vous chez vous ? Dans un coffre de votre banque ? Voyez-vous tout ceci alternativement, à la fois et en même temps ?
Pipe et enfumage de l’image
La pipe représentée par Magritte, vous ne pouvez pas la fumer. C’est de l’enfumage. La maison et le paysage à 121 millions de dollars, vous ne pouvez pas les habiter. C’est une illusion dans un tableau qui existe.
La banane de Cattelan vendue 120 000 dollars a été mangée par un artiste. Il aurait été intéressant que celui-ci vende la merde produite par la digestion de la banane de Cattelan afin de mener le processus artistique jusqu’à son terme de création/consommation. Flambée, la banane aurait-elle eu davantage de valeur et le prix de la merde artistique en aurait-il flambé lui-même ?
La véritable œuvre d’art
À y bien regarder, on aperçoit dans la maison à 121 millions de dollars la pipe de Magritte et la banane de Cattelan. Quelle conclusion tirer de tout ceci, ors la chasse d’eau ? Peut-être que la véritable œuvre d’art est le dollar ?
Le père noël de Bellac
Le secrétariat du père noël est ouvert. De passage à Bellac, Emmanuel Macron avait rétorqué à une interpellatrice : « Je ne suis pas le père noël. » Rappelons que L’ Apollon de Bellac est une pièce de Jean Giraudoux. Agnès voudrait obtenir un rendez-vous avec le Président de la salle des dépôts des petites et grandes inventions. Quelqu’un lui donne ce conseil : pour obtenir ce qu’elle veut des hommes, il faut leur dire qu’ils sont beaux comme un « Apollon de Bellac ». Apollon aussi beau qu’imaginaire.
Garder la banane
Emmanuel Macron avait envoyé sur les roses son interpellatrice de Bellac. Quelle erreur ! Avec le « Quoi qu’il en coûte » qui a inondé à la louche bien des entreprises, dont certaines n’étaient pas dans le besoin, Emmanuel a joué, à l’insu de son plein gré au père noël. Il serait temps désormais d’écrire au vrai père noël pour lui demander les 60 milliards qui manquent en France. Si nos dirigeants avaient été bien avisés, ils auraient investi les 60 milliards dans l’acquisition d’œuvres d’art qui auraient pris de la valeur en euros et en dollars. La France aurait la banane.
Bananes du commerce et banane libre, sur un banc.
Peau de banane
Une vente aux enchères a dérapé sur une peau de banane depuis la rédaction des premières lignes de cet article. Une banane a été vendue 5,2 millions de dollars. Le certificat de vente comporterait un mode d’emploi : maintenir le fruit à bonne température, le changer régulièrement. C’est un peu l’histoire du couteau auquel on change alternativement la lame et le manche et qui demeure lui-même. Seraint-ce les 5,2 millions de dollars qui transforment le fruit en œuvre d’art? Plus c’est cher, plus ce serait de l’art? On retrouve alors les rémunérations incroyables de certains chefs d’entreprise. D’après Hervé Hamon dans Ceux d’en haut , c’est l’énormité de la rémunération qui légitime le chef.
Redonner la banane
Le prix de la banane, transformé en euros, ne doit pas être loin de la somme détournée, selon la justice, par le FN et le RN sur les fonds destinés aux assistants européens. Suggérons à l’acquéreur de l’œuvre de Cattelan d’offrir sa banane au RN, qui la retrouvera ainsi.
» De tous les animaux du monde, l’homme est le plus porche du singe. » Lichtenberg