Michael Ray Charles à la Galerie Templon, Paris

Michael Ray Charles à la Galerie Templon, Paris

10 mars 2022 Non Par Paul Rassat

In the Presence of Light du 19 mars au 7 mai 2022

La galerie Templon dévoile pour la première fois en près de deux décennies l’œuvre complexe d’un des artistes afro-américains les plus radicaux de sa génération : Michael Ray Charles. L’exposition « In The Presence of Light », dont le commissariat est assuré par Hedwig Van Impe, rassemble un ensemble spectaculaire d’une douzaine de tableaux et sculptures inédits.

[ Photo. Michael Ray Charles (Forever Free) Rising Tide 2006 Latex acrylique et penny de cuivre sur toile 153×221 cm.

Le retour de Michael Ray Charles après bientôt 20 ans de retrait volontaire

Un des pionniers de la question afro-américaine et de ses représentations dans l’histoire et la culture populaire américaines, Michael Ray Charles fait une entrée remarquée sur la scène artistique des années 90. Il est rapidement exposé à la galerie Tony Shafrazi (de 1994 à 1999) à New York mais aussi en Europe, notamment chez Hans Mayer en Allemagne et tout particulièrement à la Cotthem Gallery en Belgique et en Espagne. Cependant, la réception controversée de son travail et le sentiment grandissant d’une certaine inadéquation avec le monde de l’art américain, l’ont poussé, avec le soutien de Hedwig Van Impe, à se retirer de la sphère publique. Depuis 2004 et pendant près de vingt ans, l’artiste s’est ainsi consacré exclusivement à son œuvre et ses recherches, fuyant toute exposition médiatique.

Michael Ray Charles (Forever Free) The Facts of Live 2012 Peinture Latex acrylique et penny de cuivre sur toile 195×140 cm

Réflexion sur l’identité américaine

Pour son grand retour, Michael Ray Charles transforme l’espace du Grenier-Saint-Lazare en une scène théâtrale, référence aux « minstrel shows », ces spectacles populaires du 19ème siècle, où des acteurs blancs grimés en « black face » tenaient le rôle de musiciens noirs. Les tableaux, limités à une stricte palette de dégradés noir et blanc, mettent en scène des compositions aussi saisissantes que dérangeantes. Visages caricaturaux, allusions aux ambiguïtés d’un Lincoln ou au Klux Klux Klan, l’imagerie populaire américaine est travestie pour remettre en cause la perception traditionnelle de l’identité et de la discrimination. Au cœur de la galerie, tel un mystérieux joyau, trône une spectaculaire sculpture de nacre, reprenant les traits de la « black mammy », que l’artiste pose sur un socle en forme de monument des états confédérés.

La problématique raciale

En interrogeant le pouvoir des images, les tableaux de Michael Ray Charles posent les jalons, non sans une pointe de provocation, d’une réflexion sur l’état de la problématique raciale dans un contexte profondément redéfini par Black Lives Matter.

Bio

En parallèle, un livre écrit par Hedwig Van Impe retraçant son histoire singulière avec l’artiste Michael Ray Charles sera publié à l’occasion de l’exposition.

Né en 1967 à Lafayette, USA, Michael Ray Charles vit et travaille actuellement à Houston, Texas, USA. Il a passé la majeure partie de sa jeunesse à grandir en Californie et en Louisiane. Pendant trois ans et demi, il a étudié le design et la publicité avant d’obtenir un diplôme BFA en 1989. Après avoir obtenu son diplôme MFA en 1993 de l’Université de Houston, Texas, il commence à enseigner à l’Université du Texas à Austin et en 2014 et prend un poste à l’Université de Houston. Son travail fait aujourd’hui partie de nombreuses collections publiques dont le Museum of Modern Art de New York ; le Musée des Beaux-Arts de Houston ; l’Arizona State University Museum et le San Antonio, Museum of Art au Texas.