Misanthrope ?

Misanthrope ?

13 avril 2025 0 Par Paul Rassat

Talpa deviendrait-elle misanthrope à force de vivre dans ses galeries ? Faut-il se conformer au goût ambiant ou bien se faire sa propre opinion? Telle est la question.

Arthur Teboul

Simple réflexion divagation sur la prestation d’Arthur Teboul associé à Baptiste Trotignon ( vu à Bonlieu Scène Nationale il y a quelques mois). « Quand le jazz est- Quand le jazz est là La java s’en- La java s’en va Il y a de l’orage dans l’air Il y a de l’eau dans le gaz Entre le jazz et la java… » chantait Nougaro. Baptiste Trotignon est un virtuose du jazz. Arthur Teboul est poète dans l’âme. La poésie est comme la musique « Un cri qui vient de l’intérieur. » Et l’intérieur se dilue dans la rencontre entre Baptiste Trotignon et Arthur Teboul. Rien à leur reprocher sinon que le résultat nous décentre de la nécessité poétique.

Concentrer la sauce

Pour preuve, cet exercice d’improvisation poético-musicale. L’un improvisant au piano, l’autre à l’écriture. Ne fais pas le poète : sois poète. Resserre, ne rallonge pas la sauce. La sincérité était pourtant là, dans la joie de la rencontre que le public a ressentie lui aussi. On ressortait d’un concert de Jacques Brel à la fois assommé et alerte. Changé. Il ne s’adressait pas au public autrement qu’en habitant pleinement ses chansons. Pas souvenir non plus que Ferré ait digressé. La poésie au couteau !!!

Habiter la poésie

C’est peut-être notre époque qui exige des artistes qu’ils se tournent vers la « performance ». Et puis qu’ils établissent avec le public un lien ponctuel. C’est ce que font les performeurs du stand up. « Ça va Annecy ? » Facilité. Le talent d’Arthur Teboul devrait le placer bien au-dessus de ces stratagèmes de la com. Parce quand il nous emporte dans la fragilité de l’interrogation poétique, dans la surprise de la vie, on décolle, on s’envole. Loin de la voisine bagousée, braceletisée en or et en semainier, se fourrant des bonbons par deux dans le gosier, triturant le paquet pendant tout le concert et enregistrant en douce la prestation d’Arthur et de Baptiste. On espère revoir Arthur encore plus habité afin d’aller plus loin encore en sa compagnie.

Exit above

Vu le 9 avril Exit above, After the tempest de Anne Teresa De Keersmaeker : « Figure majeure et incontournable de la danse européenne » nous dit la brochure de présentation. Talpa devait encore être grognon. On a vu un très bel effet de voile et puis de la marche, du silence immobile, de la course, du mouvement, des frôlements. La musique chantée et jouée à la guitare était sublime mais de l’ensemble, musique et danse, n’émergeait aucune nécessité artistique. Dommage. Pour le reste, on connaît les vertus de la marche pour le corps et pour l’esprit. Talpa, cependant, n’a pas marché. Enthousiaste, le public a beaucoup applaudi.