Mostra, Petite Venise, vitrinisation et jardins de Babylone

Mostra, Petite Venise, vitrinisation et jardins de Babylone

3 juillet 2022 Non Par Paul Rassat

Annecy Paysages, c’est reparti pour un été. La Petite Venise des Alpes est de nouveau dans la mostra, dans la monstration, dans la vitrinisation. Elle suit en cela les grandes tendances qui font de la culture une vitrine et de l’image un miroir qui nous selfie au point que l’on ne sait plus de quel côté du reflet on se trouve. Annecy semble victime de ce jeu de miroirs qui mène jusqu’à celui du lac autour duquel tout se joue. Sport, fêtes, feux d’artifice, croisières. La dégoulinade architecturale façon Portzamparc trouve son accomplissement dans cette terrasse parasolée. Les clients y voient le lac, les passants voient les clients voyant le lac, etc. Tout devient mise en scène.

Ça sature

Alors, ça sature dans le Mont-Saint-Michel des Alpes et Annecy Paysages vient ajouter ses jeux de construction censés baliser le chemin et les regards. Ajouter de l’artificiel reproduisant le naturel dans un cadre naturellement naturel. Talpa avait déjà évoqué ce sujet. Il y a cependant quelques œuvres d’Annecy Paysages compensant le Lotus municipal qui n’aurait pas juré dans un film de Fellini. C’est le cas d’un travail exposé à l’entrée du Palais de l’Îsle. Lucie Cabanes nous en dit quelques mots.

Kokedamas, tout un monde!

Judith Dumez et Elisha Joho Monnerat ont réalisé cette installation. Il s’agit de kokedamas, un art végétal japonais. Dans les jardins, dans d’autres pratiques japonaises  on retrouve la relation de la partie pour le tout. Ici, cet assemblage végétal recrée le monde. La forme ronde en est la métaphore. Le terreau est maintenu par de la mousse. Ce petit monde suffit à faire croître la plante qui a été choisie. On en n’a pas l’impression au premier regard mais cette installation comporte plus de deux cents kokedamas, chacun d’eux étant un petit monde participant à un monde plus grand.

Zenitude

Le positionnement est intéressant dans cet environnement très minéral. Cette première cour du Palais de l’Île évoque la monnaie, la justice, les prisons, l’Occupation, le culte orthodoxe, un univers très dur. Le travail de Judith et Elisha apporte un peu de zen japonais, de légèreté aussi. Le moindre courant d’air fait danser les suspensions. L’œuvre est très immédiate pour le grand public. C’est beau et ça apporte une bouffée d’oxygène.

Tu parlais de prisons et on retrouve ce filet en forme de grille qui tient l’œuvre.

Cette structure permet aussi l’arrosage intégré.

Vive les kokedamas !