Annecy, la vulve, les pieux, l’assaut de l’art contemporain

Annecy, la vulve, les pieux, l’assaut de l’art contemporain

11 août 2021 Non Par Paul Rassat

Allo maman Baubo !

« Déméter ne se consolait pas du deuil de sa fille Perséphone. Un jour, sa servante Baubo, se plaça devant elle, souleva ses jupes et exhiba sa propre vulve. Déméter se mit à rire, sortit de sa dépression, récupéra désir et envie de vivre. Cet épisode énigmatique de la mythologie grecque fascinait Georges Devereux. Quel sens lui donner ? » Ces quelques lignes font partie de la présentation de  Baubo, la vulve mythique.

Annecy, ville sévèrement sexuée

Sur le bassin de l’hôtel de ville s’épanouit une jolie fleur non pas de papapa jolie fleur de papillon, comme dans la chanson. C’est une fleur de lotus qui trône. Ou plutôt l’apparence d’une fleur de lotus qui est en réalité la représentation d’une vulve. Faut-il en rire, comme Perséphone ? À bien y regarder, les lèvres de la fleur sont animées d’un mouvement qui découvre une corolle de dents. Façon plante carnivore. « Eppur si muove ! » aurait déclaré Galilée à propos de la Terre. Et pourtant, elle bouge ! Même si Galilée avait dû se parjurer pour sauver sa peau. Disséminés dans la ville, nombre de pieux en érection font œuvre d’œuvres d’art contemporain, prêtes à partir à l’assaut de la vulve.

Avec la corolle.

Construire de la campagne à la ville

Qu’est devenu ce merveilleux écrin naturel où se love Annecy ? Les montagnes, les Bauges, les stations ? Rivières et torrents ? Il ne semble plus suffire. Il faut maintenant plus de nature en ville. Du moins en saison. C’est que le touriste doit avoir une glace à portée de babines, un parcours artistique prémâché à portée d’absence de neurones. On l’incité à se promener en ville alors que les embouteillages qui y mènent sévissent. Si on met des jardins dans les villes et de la ville à la campagne, comment s’y retrouver ? « Il faudrait construire les villes à la campagne » fait-on dire à Alphonse Allais. C’est en réalité Commerson qui l’a écrit. Ajouter de la mise en abyme à la mise en abyme.

L’assaut des pieux

— Plug ou pas plug? — C’est un plug analphabète!
C’était pourtant si bien, les jardins ouvriers!

— Je vous en mets un peu plus ?

Dans la confusion estivale, tout se fond en un immense supermarché-cantine en plein air. On ne voit plus rien. On ajoute alors des trucs à voir. Moins on voit, plus on rajoute des trucs pour mieux voir. « Circulez, y’a des trucs à voir ! »