Mouvement et repos. Arthur Koestler

Mouvement et repos figure dans Le cri d’Archimède, d’Arthur Koestler. «  Cette structure, nous la connaissons, c’est l’unité-dans-la-diversité ; ou plutôt l’unité impliquée dans la diversité….Lorsqu’une œuvre d’art nous semble terriblement « dater » ce n’est pas que son langage date d’une époque reculée, mais qu’il est trop explicite… La  construction triangulaire du thème de la Vierge à l’Enfant tel que le traite Raphaël est un peu trop évidente. La découverte  du principe  d’unité caché sous la diversité doit être laissée à l’imagination du spectateur…Ramenée à des recettes, l’unité dans la diversité s’avilit : c’est le peintre qui dessine un ovale et le divise par la longueur de quatre nez ; mais l’unité dans la diversité peut aussi nous donner un aperçu d’éternité. »

Simplicité et complexité

«  Le remous bouillonnant à la surface d’un ruisseau nous introduit dans les secrets de la mécanique céleste. Chaque coquillage est une clé de la nature. Un peu d’eau que l’on fait tourner dans une coupe explique la formation des coquillages simples ; l’addition de matière d’année en année arrive enfin à la forme la plus complexe ; et pourtant la nature est si pauvre malgré tous ses artifices que du commencement à la fin de l’univers, elle n’a qu’une matière, une seule matière à deux extrémités,  pour produire toute sa variété de rêve. Qu’elle en compose ce qu’elle veut, étoile, sable, feu, eau, arbre ou homme, ce n’est qu’une seule matière où se manifestent les mêmes propriétés.

L’imagination à l’œuvre

Notre époque aurait la prétention de s’emparer de, de s’approprier. Ces expressions s’imposent dans notre langue. Il faut faire propriété de tout. Pour y parvenir, il faut définir, lister, énumérer, valider, cocher toutes les cases. Il est indispensable, aussi, d’expliquer, d’expliciter, d’enregistrer. Nos élus parlent de « faire preuve de pédagogie ». Que reste-t-il au plaisir de la découverte et de l’imagination ? Le livre d’Arthur Koestler compte environ cinq cents pages en édition de poche.  Quelques lignes de la quatrième de couverture en donnent l’esprit. « …Mais qu’est-ce que créer ? Y a –t-il un lien entre la création littéraire et la découverte scientifique ? Entre ces dernières et l’inspiration comique ? Pour Arthur Koestler, ce lien se trouve dans ce qu’il nomme « l’acte bisociatif », autrement dit le bond novateur qui, en reliant soudain des systèmes de référence jusqu’alors séparés, nous fait vivre ou comprendre le réel sur plusieurs plans à la fois. »