Rodolfo Oviedo Vega, l’artiste arpenteur

Rodolfo Oviedo Vega, l’artiste arpenteur

26 mars 2023 Non Par Paul Rassat

Rodolfo Oviedo Vega expose à la Fondation  Christian Réal d’ Annecy jusqu’au 1 er avril 2023. Il est de ces artistes qui mangent le monde, le malaxent, le digèrent pour en restituer l’essence. Avec Rodolfo, la carte est bien plus que le territoire. Elle plonge dans les racines mythologiques, mystiques, spirituelles, les cuisine en une réduction symbolique de portée universelle. Un fond sur lequel chacun est invité à projeter ses propres lectures.

Le voyage

Cet artiste voyageur nourrit son art des territoires qu’il visite. Il en fait des plans, des cartes religieuses, des icones, des cartes de visite qui unissent le ciel et le peuple. L’Homme se rencontre à la jonction de l’espace et du temps enrichis de spiritualité, d’élévation personnelle. Les tableaux de Rodolfo naissent de la rencontre de ces dimensions. Il élargit l’horizon en le creusant.

L’ingénieur-bricoleur

Claude Lévi-Strauss distingue l’ingénieur et le bricoleur. Le premier fait entrer le monde dans la conception qu’il en a établie au préalable. Le second prend les outils disponibles sur le terrain, les fabrique si besoin et les adapte à son environnement. Rodolfo est à la fois ingénieur et bricoleur, dans la verticalité et dans l’horizontalité.

La « mécanique » souple

L’artiste rend compte de l’univers, de la « mécanique céleste » en assemblant toutes sortes de matériaux : sable, vieux jeans, feuilles de maïs, passementerie… Le monde devient dentelle cosmique et l’artiste brodeur punk.

L’art comme un jeu

Reconnaitrez-vous dans les tableaux exposés le plan de Milan ? Celui de Rome ? L’évocation de la mythologie aztèque ? Telle scène religieuse ? L’art est un jeu qui perturbe le dispositif habituel, rebat les cartes  pour, à chaque œuvre, une nouvelle partie. C’est qu’il s’agit de cartographier le monde et nos esprits non pas pour en rendre compte, pour les figer, mais pour les ouvrir à d’autres possibles. À de nouveaux voyages.

S’échapper toujours

S’échapper même assigné à résidence par le confinement. Se saisir alors des seuls matériaux disponibles dans l’atelier et faire de celui-ci un monde dans lequel tournent les astres, les étoiles filantes du ciel et celles que nous sommes. Dans le même mouvement. Autour de l’ove, de la mandorle sexuée qui unit matière et esprit.