Rodolphe Burger au Brise Glace : l’albatros en poésie

Rodolphe Burger au Brise Glace : l’albatros en poésie

20 octobre 2021 Non Par Paul Rassat

Notes de concert

Voix de conteur qui traverse le temps. Retour à la véritable poésie d’abord chantée. Entrelacement du discours et du chant « Quelque chose s’est creusé, mais quoi ? » Interrogation philosophico existentielle en suspens, comme parfois le tempo. La guitare prolonge la voix, la batterie bat, les cordes bercent. On tourne autour du thème en une approche sensuelle que l’érotisme  fait chatoyer. Parfum, fenêtre, petit jardin… Après l’excellente première partie du groupe Pelouse. Jusqu’à tremper sa langue de chat dans d’autres langues. Pendant que des mains s’égarent, s’effacent, se cachent… 

Voyage en poésie

Nous croisons le regard rimbaldien, le salut de Baudelaire et retrouvons une sorte de chamanisme qui habite  « Ma Bohême ». « La beauté est derrière nous. Nous marchons. La beauté est au-dessus de nous. Nous marchons. La beauté est tout autour de nous. Nous marchons. » Retour aux sources de la langue, à la limite de l’articulé.

L’albatros

Tout le corps de Rodolphe Burger joue en une chorégraphie à laquelle participent ses pieds chaussés de poulaines contemporaines. Il hypnotise au point qu’on se croit parfois à Essaouira au milieu des gnawas. « Et à la fin Casanova et des langues de chat. » L’albatros de Baudelaire est sur scène et nous naviguons avec lui.

Ne pas confondre urgence et hâte

Il a bien sûr été question de Bertrand Belin, qui nous avait inspiré ceci.

 — Lors de la sortie de Persona Bertrand Belin déclarait avoir composé Persona dans l’urgence. Suivait une chanson interprétée posément, calmement. Plaisanterie ? Un « effet d’artiste » ? Non, cette urgence relève de la nécessité, de cette motivation intérieure qui émerge en bousculant le quotidien, cette croûte terrestre, pour laisser s’exprimer le magma personnel. Ce jaillissement déraisonnable car poétique est urgence, qui traite de la trace qu’on laisse, du sens de la vie, de la vanité de la victoire. On pense, à l’écouter, à L’homme qui marche de Giacometti, à une tentative d’élévation entre l’unicité, l’hapax et la banalisation.

Bertrand Belin nous invite à cette conscience extrême qui voit au-delà et à travers et nous élève au-dessus des conditionnements, des embrigadements.

« Voilà ce qu’on peut dire de vivre »

Et de Rodolphe Burger.