Saveurs et sagesse

Saveurs et sagesse

22 juin 2025 0 Par Paul Rassat

Récits de saveurs familières est un livre d’Erri De Luca, avec les commentaires de Valerio Galasso, nutritionniste. L’auteur cuisine avec art les produits, les plats qui l’accompagnent avec les souvenirs. Il mêle l’histoire personnelle à des récits qui la dépassent. Il se cuisine lui-même. Avec ces récits, Erri De Luca mitonne la recette de l’écriture. «  Je ne suis pas attaché aux objets. Je pense m’être entraîné à la désaffection. J’imagine pouvoir tout perdre, y compris mon toit. Je m’habitue à ne pas y penser avec angoisse…

Avant d’être évoquée ( une pelle à gâteau en argent retrouvée dans un tiroir) ce n’était que l’accessoire ordinaire d’une cuisine de l’enfance. L’écriture l’a transformée en relique…L’écriture est une inflammation, une augmentation de température d’une zone circonscrite. »

Mettre à feu vif, au bien cuire à l’étouffée, au four, à bouillir un petit bout de souvenir, faire revenir, dorer, arroser d’émotions, d’attention, d’amour pour obtenir non pas des saveurs propices au récit, mais un récit de saveurs.

Saveur

« Le mot sage vient d’un assez mauvais latin, sapius ou sabius, qui voulait dire à la fois « savant » et « vertueux ». Le mot classique était sapidus, dérivé de sapere.

Le latin montre la source de la sagesse dans notre culture. C’es la saveur, mot de même origine. En effet, le goût permet de déceler et de savoir à quoi l’on a affaire. Goût et saveur apportent savoir et respect des choses, qui sont le début de la sagesse. Au moins dans l’histoire des mots. » Alain Rey À mots découverts.

Saveurs

Aux saveurs, ajouter la patte du cuisinier des mots. «  La journée était impitoyablement belle ». Coup de lame et d’écriture pour dire cette journée d’escalade sans une goutte d’eau à boire. Raccourci stylistique parfait.

Un art de vivre

Ce livre est aussi un art de vivre. «  La visite des villes doit se faire à pied. Le paysage se laisse alors découvrir, au rythme des passants, avec l’eau des fontaines. Au débouché des ruelles, des places s’ouvrent tout à coup, on évite le monument de l’homme illustre, à pied ou à cheval, on regarde les kiosques à fleurs. » Les saveurs de la vie.