Tour de France

Tour de France

3 juillet 2023 Non Par Paul Rassat

Le Tour de France a plus d’un tour dans son sac. Il est capable de partir d’Espagne, de Suisse, de Belgique, d’Angleterre, d’Allemagne, du Luxembourg, d’Irlande, de Monaco, du Danemark ou d’Italie. Le Tour de France n’est pas un tour véritable car il ne fait pas précisément tout le tour du pays, mais l’esprit y est. Il fait partie des Grands Tours. France, Italie, Espagne. À ceux-ci s’ajoutent toutes sortes de tours féminins et masculins. Émirats Arabes Unis, Suisse, Pologne, Benelux, Chine, Australie, Grande-Bretagne, Scandinavie, Pays-Bas…

Divertissement ?

Le Tour de France ne serait-il qu’un divertissement au sens pascalien ? Un événement qui nous détournerait de l’essentiel. Une diversion par rapport aux grands sujets et problèmes qui agitent notre monde. C’est à voir. Il est l’occasion de découvrir des paysages, notre patrimoine, la nature, l’Histoire incarnée. L’occasion se partager une culture populaire à laquelle viennent se greffer quelques personnalités et élus en mal de reconnaissance.

Le tour en question

Le mot tour vient du latin tornare, issu lui-même d’un mot signifiant «  tour, trépan ». Il n’est pas inutile de rappeler que le trépan permet, entre autres, de faire des trous dans le crâne. C’est ainsi que le Tour peut être dangereux. Il suscite de la triche, l’envie de jouer des mauvais tours. D’où les moteurs découverts dans le cadre de vélos. D’où le dopage et ses ravages. Le dictionnaire nous renvoie à la première utilisation de ce mot qui concernait les chevaux. D’où sans doute le fameux «  remède de cheval ». Le pot belge lui succéda. Qu’en est-il aujourd’hui ? Les spécialistes s’étonnent toujours que certains coureurs soient capables de produire plus d’énergie sur leur vélo qu’il est possible à un être humain d’en développer.

Mythologie

La réponse à cette remarque nous renvoie à la mythologie. Ce sont les affrontements, les drames, les exploits qui alimentent celle du Tour de France. Et vraisemblablement les monstres modernes que forment les coureurs et leurs vélos. Ils sont à l’image des centaures de la mythologie, surhommes capables de performances hors normes.

De la mythologie à la série

En 21 étapes, le Tour est une parfaite série télévisée. L’une des plus célèbres et courues. Suspens, souffrance, dépassement de soi en rythme un scénario à la fois très écrit et imprévisible. Lance Armstrong représente l’ange noir de l’événement. Il unissait en son nom la lance qui perfore et le bras fort. Son bras étaitd long au sein du peloton et pouvait ainsi menacer un rival qui ne jouait pas son jeu. Il fut l’image du mal nécessaire à la grandeur du Tour. Celui-ci rejoint au palmarès l’Iliade et l’Odyssée qui se joua en deux époques de vingt ans chacune et de nombreuses péripéties.

L’art du détour

Parmi les autres productions les plus marquantes, notons Les Mille et Une Nuits qui montrent la supériorité de la langue et de la fiction sur l’action brutale. Et par ce biais l’art des personnes considérées comme les plus faibles de développer une ingéniosité susceptible, par des circonvolutions maîtrisées, de supplanter la force développée en ligne droite. Ce sont les détours qui font un grand Tour !

La technologie, mon œil !

Bien sûr, les vélos ont évolué. Ils sont moins lourds, plus performants. Mais le plaisir, à l’époque de l’IA naissante et envahissante, ne consiste-t-il pas à voir des gens transpirer, souffrir, en baver sur des machines à pédales que suivent des voitures ultra performantes et « suréquipées » ?

En conclusion

Avec le Tour et ses détours, c’est «  Série je t’aime, série je t’adore… »