Travail attractif, rémunération et libération

Travail attractif, rémunération et libération

25 décembre 2021 Non Par Paul Rassat

Le Président Macron veut rendre le travail plus attractif que les vacances, les séries et les jeux vidéo.

La question du travail travaille la société en profondeur. Elle pose même un problème d’ordre moral. Elisabeth Borne dénonçait récemment à la radio ces chômeurs qui gagnent plus avec leurs allocations qu’en travaillant. C’est effectivement un très mauvais exemple pour le reste de la société qui s’échine à travailler, rentiers compris.

Travail attractif

Le Président de la République vient de déclarer qu’il faut rendre le travail plus attractif. Certains ont mal compris et pensent qu’il faut faire du travail une attraction. Un spectacle, car l’activité serait en train de disparaître. Bientôt le travail risque d’être une survivance du passé comme certaines espèces disparues. L’auront remplacé des missions, un job effectués par des collaborateurs. Le « Travailleuses, travailleurs » d’Arlette Laguiller a disparu, et le travail avec. La lutte déclasse. Ne subsiste qu’une société du possible dans laquelle prime le mérite. Il serait question de créer, autour du travail, un parc d’attractions comme le parc Astérix. Une sorte de petit village où le travail attractif résisterait à la vilaine oisiveté.

Attractif et tondu

On a entendu parler de gisements de travail. Il a été question de libérer le travail. Il faut maintenant le rendre plus attractif. En payant le travail à son juste prix ? Oui, mais comment calculer ce qui est juste ? Le livre Boulots de merde pointe toutes les contradictions et non  sens en matière de rémunération. Ceux d’en haut, de Hervé Hamon complète parfaitement l’analyse.

Évaluation fine !

Il est intéressant de voir comment le taylorisme et ses développements ont mené à une évaluation particulièrement « fine » du travail, du rendement et de la rémunération qui en dépend en matière de taches répétitives. Plus un travail est mécanique, moins on le rémunère car les ouvriers ou les employés sont interchangeables. Ils sont considérés comme des pièces du processus. Or, à y bien réfléchir, quelles différences désormais entre des décideurs, des élus de gauche ou de droite ? Ils sont régis par cette « réalité qu’il faut voir en face » et qui ne leur laisse, paraît-il, aucune marge de décision. Ne seraient-ils pas devenus finalement eux aussi des pièces du processus ? Alors, pourquoi de telles rémunérations ? Surtout que certaines de ces pièces coûtent bien davantage qu’elles ne rapportent.

Modeste proposition à la manière de Jonathan Swift

Talpa reprend ici une idée qui aurait pu être émise par les féministes les plus avancées. Pourquoi ne pas créer des formations spécifiques pour les métiers d’avenir? Ceux qui incarnent le père noël n’exercent leur activité que quelques jours par an. Ils portent de fausses barbes. Pour se conformer aux injonctions qui veulent qu’un noir ne puisse être représenté dans un spectacle que par un noir, il ne faudrait embaucher que de véritables barbus à la barbe naturellement blanche. Pourquoi ne pas les transformer ensuite en œufs de Pâques? Les plus volumineux seraient exposés en vitrines. Les plus discrets se cacheraient dans les jardins afin que les enfants les cherchent! La démarche serait complétée par l’apparition de mères noël. Halloween, le 14 juillet, carnaval…pourraient assurer à bien des gens un travail attractif tout au long de l’année.