Trump. Du Capitole à la roche Tarpéienne ?

Trump. Du Capitole à la roche Tarpéienne ?

8 janvier 2021 Non Par Paul Rassat

Une défaite à un poil près ?

Donald parlait « d’attraper les femmes par la chatte ». Le personnage semble avoir toujours eu le souci de caresser dans le sens du poil. S’étant un temps accroché à celui-ci, il s’est cramponné ensuite au pouvoir, un peu à la façon d’un morpion ces derniers temps, confondant pouvoir et pilosité. Au point d’en perdre la tête. Son appel à marcher sur le Capitole lui a été fatal. Capitole, tout comme capitale et chef viennent du latin caput, la tête. S’en prendre à la tête symbolique des USA fut une erreur. Donald s’est jeté lui-même du Capitole, cœur religieux de la Rome antique, à la roche Tarpéienne de laquelle étaient précipités les condamnés à mort. À quoi tient la vie d’un homme ! Ceux surtout dont Trump a précipité l’exécution capitale avant d’exploser lui-même en plein vol.

Donald aurait dû continuer de sacrifier sagement à ses obsessions. Se limiter à sa fixation sur la pilosité pubienne et capillaire et ne pas oublier que sa principale opposante, la Présidente de la Chambre des Représentants des USA, se nomme Nancy Pelosi. Peloso signifie poilu en italien. Nancy est donc littéralement à la tête d’un groupe de poilus ! Donald n’aurait pas dû l’oublier.

Poil, moustache, fascisme et économie 

Quels personnages le mot « dictateur » évoque-t-il spontanément ?  Hitler, Mussolini, Staline, Castro, Franco, Videla  peut-être, Pinochet, Mao…Ces individus qui viennent aussitôt à l’esprit arboraient pour la plupart une moustache fine, fournie, bouclée, rase, verticale, horizontale… une moustache.

La moustache, symbole viril du pouvoir absolu ?

On objectera Mao et Mussolini. Le premier était hors concours, il fut même élevé au rang d’œuvre d’art par Andy Warhol  Quant à Mussolini, si son visage ne s’ornait pas de cette virile distinction, il arrivait au personnage de porter l’uniforme des chemises noires, qui comptait un chapeau agrémenté d’un gland. Parfois même deux glands de bonne taille pendaient à sa ceinture. En matière de virilité et de pouvoir, le gland vaut bien la moustache.

Pilosité et jouissance

Lacan explique l’emprise d’Hitler sur le peuple allemand par « le tout petit-plus-de-jouir d’Hitler, qui n’allait peut-être pas plus loin que sa moustache ». Dans Un captif amoureux, Genet écrit : « La première, quotidienne, l’inexorable obligation de Hitler, c’était de conserver pour le réveil sa ressemblance physique, le balai de moustache taillée, presque horizontale, chaque brin semblant sortir des narines…. »

Ainsi donc, on pourra convenir que dans bien des cas cette caractéristique pileuse représenta le pouvoir absolu.

Le jeu du pouvoir

Certains en jouèrent, comme Marcel Duchamp affublant La Joconde de superbes bacchantes (dérision ou prise de pouvoir ?), Salvador Dali et son guidon de vélo (dérision et prise de pouvoir), Charlie Chaplin (dérision du pouvoir), le patron de Total, de Margerie ( « Je suis le pouvoir, je joue du pouvoir, je me vois jouer du pouvoir, vous me voyez faire tout cela et j’en suis conscient »).

Cette caractéristique pileuse est tellement associée à la notion de pouvoir absolu que, dans les démocraties modernes il est de bon ton de se raser afin de s’en démarquer, sans doute pour mieux dissimuler son aspiration au pouvoir absolu. On se souviendra que, lors d’une campagne présidentielle un candidat avoua qu’il pensait à la présidence le matin en se rasant. Certaines élections se jouent à un poil près. Il eût été difficile d’imaginer sa rivale, Ségolène Royal, avouer qu’elle y pensait en s’épilant.

Économie et tonte

Il faut cependant considérer que le pouvoir ne réside plus dans le domaine politique, mais dans celui de l’argent. Nous vivons désormais l’époque du tout économique, du libéralisme, de la mondialisation où l’argent dicte sa loi, rappelant l’origine du mot « dictateur » : c’est celui qui dit, qui dicte et ordonne, celui pour lequel toutes les décisions se prennent. L’économie tond les peuples.

Épilation douloureuse

Nous sommes tondus, rasés pour que quelques uns puissent faire leur pelote de laine, et lorsque l’envie nous prend de nous envoler, nous voilà plumés. Les discours politiques pré électoraux nous prennent le plus souvent dans le sens du poil pour mieux nous tondre ensuite la laine sur le dos, et afin que nous supportions cette tonte, de bon ou de mauvais poil : même si cela nous horripile, nous n’y pouvons rien.

De temps à autre sévit une bonne crise économique, équivalent d’une sérieuse épilation du maillot, qui tire, irrite mais que l’on supporte dans l’espoir qu’elle annonce des jours meilleurs, vautrés sur un matelas de plage pour les uns, de billets de banque pour les autres, et parce que l’on croit qu’elle épargne l’essentiel. On reprend alors du poil de la bête. Economie, quand tu nous tiens !Le poil dans la main, dernière arme anti libérale, anti moustache économique et anti glands ?