Gisèle Halimi

 Gisèle Halimi  Une Jeunesse tunisienne. Tel est le titre de l’album réalisé par Danièle Masse et Sylvain Dorange. Un livre rassurant. Ainsi, tout n’est pas joué avant six ans !

La Tunisie, une mosaïque

Naître fille dans la Tunisie de 1927 ne constituait pas un atout ! Fille dans une société très conservatrice où les garçons étaient choyés et les filles destinées au mariage, à l’enfantement et au ménage. Société très complexe aussi. Chrétiens, juifs, musulmans cohabitent plus ou moins bien. Certains ont le statut français, d’autres non. Pour compliquer encore les choses, le père de Gisèle est berbère et non arabe, sa mère juive. Religion, traditions, politique créent des parcours complexes.

S’affirmer

Les études et la soif d’indépendance sont la force de Gisèle Halimi dans cette mosaïque de pressions, de contraintes qui broient les gens, surtout les plus pauvres dont sa famille fait partie. La petite fille a le courage, le front de s’opposer à son père et surtout à sa mère pour échapper au déterminisme social qui aurait pu l’étouffer. Elle y puise, au contraire, une force supplémentaire.

Le quotidien

Ce livre retrace à merveille la vie quotidienne de l’époque à Tunis et dans les environs. Lieux, personnages, environnement naturel, bâtiments sont aussi des personnages de cette histoire. On y voit le « TGM », le petit train qui relie Tunis, La Goulette, La Marsa. On y jette un regard à Sidi Bou Saïd, aux souks, à la mosquée de la Zitouna. Le musée du Bardo abrite-t-il toujours un  » Hercule ventripotent »?

Les changements politiques

Et puis la guerre s’invite, accentue le racisme. Le mouvement nationaliste prend de l’ampleur. Bourguiba et d’autres apparaissent. À travers le père de Gisèle nous est donné le point de vue du petit peuple sur une situation qui le dépasse.

La force d’être soi au service des autres

Si un élément ressort particulièrement de ces imbroglios, c’est la force de caractère de Gisèle. Elle lui donne cette cohérence qui la poussera ensuite pendant toute sa carrière retracée en quatre pages, à la fin du livre. Un ouvrage simple, émouvant, qui montre comment du quotidien il est possible de s’extraire pour s’affirmer en défendant des causes nobles. Lecture d’autant plus utile alors que la Tunisie ne va pas très bien et parce qu’il est question du Panthéon pour la petite fille née en Tunisie. Un voyage dans le temps, l’Histoire, l’humanité.