Istrati ! Le vagabond par Golo
5 août 2023261 pages d’un tourbillon. Voyages, aventures, mésaventures, enthousiasmes et déceptions, misère et bonne fortune. Ajoutons le mélange des religions, des langues, des origines. Et puis, surtout, les rencontres et l’amitié. Une perpétuelle recherche de soi à travers tout ce cheminement débridé. L’errance n’y apparaît pas comme une erreur mais comme la construction de soi. Elle s’accompagne d’une recherche de vérité que ne désavouerait pas un Trump, puisque c’est l’un des personnages les plus discutables de l’histoire qui déclare : « C’est bien simple : il n’y a pas de plus odieuse malhonnêteté que celle de vouloir paraître honnête quand on ne l’est pas…Tout le monde se dit honnête, personne ne l’est. Je crois que le monde ne deviendra meilleur que le jour où il reconnaîtra qu’il est malade de fausse honnêteté. » Istrati trace sa route dans ce foisonnement de contradictions, d’injustices, de contrastes dont l’amitié peut le sauver.
Le vaste monde intérieur
L’école de la vie prend le pas sur l’école scolaire. Les relations humaines l’emportent sur le savoir théorique. Istrati apprend à ses dépens. (Ce devrait être le cas pour nos responsables politiques, non ?) Le livre ne comporte pas de quatrième de couverture : pas de com ! Mais une carte. Elle est intitulée « Pérégrinations de Panaït Istrati entre 1906 et 1913 ». Un peu à l’image des pérégrinations d’Ulysse. Et comme pour le héros, grec, l’aventure est autant un voyage initiatique, donc intérieur, que la découverte du vaste monde. Roumanie, Turquie Grèce, Égypte, Sicile, Naples, Liban, Syrie.
Une sensibilité hors du commun
On rencontre, au cours de ces pérégrinations, des personnages hauts en couleurs, extra-ordinaires au sens véritable. Sans doute parce que Istrati était lui-même inclassable. Une sorte d’explorateur du monde perçu grâce à la curiosité, à une hypersensibilité humaine.
Le dessin et la narration au service du sujet
Le dessin en noir et blanc, sans effet superflu, sert parfaitement l’histoire. Il navigue entre un réalisme interprété, l’hyperbole, le mouvement tourbillonnant. La vie, quoi ! Simple, évidente et complexe. Riche.
Le deuxième tome présente Istrati écrivain.