Jeu blanc, de Richard Wagamese

Jeu blanc est le pendant indispensable de Les étoiles s’éteignent à l’aube. Les deux livres se complètent parfaitement. Ils plongent profondément dans la culture indienne et montrent comment la colonisation acculture les peuples soumis. La relation véritable avec la nature, avec sa propre nature s’en trouve violée physiquement, mentalement. La volonté de soumission est totale. Jeu blanc témoigne de toutes les tentatives d’emprise que les colonisateurs ont imposées au cours de l’Histoire, dans différentes contrées. On se rappellera à ce propos la tentative de certains députés français pour faire reconnaître les bienfaits de la colonisation. L’enlèvement d’enfants ukrainiens par la Russie montre que ce terrible processus est sans fin.

La beauté du jeu

Impossible et totalement inutile de résumer Jeu blanc. Quelques extraits en donnent l’esprit. Il s’agit du hockey sur glace, passion du héros de Wagamese.

«  Nous ne pensions qu’au jeu et à la fraternité qui nous unissait en dehors de la glace…Tous reliés les uns aux autres, imbriqués pour former une expérience que nous n’aurions échangée contre aucune autre. Nous étions une ligue de nomades, fous de ce jeu, fous de la route, fous de la glace et de la neige, un vent arctique sur le visage et une rondelle gelée sur la palette de nos crosses. »

«  Je voyais la glace, les joueurs, la destination du palet aussi clairement que si l’action se déroulait sur un écran de cinéma. Mais je devais faire apparaître ma vision avec émotion, mû par le désir de cette pureté du mouvement, de cette liberté que le jeu me donnait. »

Le secret

— Quand tu es sur la glace, tu vas quelque part, me dit une fois Virgil à la fin d’un entraînement. Comme si on te voyait entrer dans un lieu secret où nul autre que toi ne sait comment accéder. »

Ce lieu secret ouvre aussi sur un secret lourd à porter qui montre l’ambivalence du monde. Un peu à la façon d’Orange mécanique. Jeu blanc transporte, littéralement, le lecteur bien au-delà d’une simple narration en partie autobiographique.