Eau Neige et Glace, une Fondation au cœur de la vie
5 janvier 2021Des leviers pour agir ensemble efficacement
« La nature et ses contributions à la vie des peuples se dégradent partout dans le monde. » [rapport de l’IPBES]…Nous sommes beaucoup à être conscients de la crise. Il y a de l’énergie et de l’intelligence à revendre…Le problème, c’est la courroie de transmission entre nos mains et le monde. Il nous faut des idées dotées de mains, et de bonnes idées pour les mains disponibles.
L’enjeu revient à inventer des leviers.
Baptiste Morizot Raviver les braises du vivant
Serge Martinot, pourquoi la Fondation Eau Neige et Glace ?
Elle a été créée, de manière indépendante, à l’occasion de la candidature d’Annecy aux Jeux Olympiques. Celle-ci n’ayant pas été retenue, nous avons eu la volonté de continuer à marquer notre identité qui repose sur les montagnes, l’eau, la préservation de l’environnement. Nous avions rencontré des chefs d’entreprise et levé des fonds pour l’association que je présidais en vue des JO. Sur cette lancée, via la Fondation de France, nous avons créé Eau Neige et Glace en 2009.
L’énergie était là, disponible.
On a surfé sur cette vague. L’idée de la Fondation est liée à mon parcours personnel, quelques aventures dans le Grand Nord canadien, et puis de la montagne, du ski, de l’alpinisme.
Tous les aventuriers et les sportifs n’ont pas l’idée d’une Fondation ?
J’ai toujours eu, depuis le plus jeune âge, envie de transmettre. Cette envie a pris corps plus consciemment et concrètement. Avec la Fondation, le puzzle se mettait en place et venait compléter tous les challenges que j’avais déjà vécus et surmontés.
Un outil qui fédère
Si tu jettes un regard rétrospectif sur la Fondation, que vois-tu ?
Au-delà de l’outil qu’elle a constitué pour soutenir la candidature aux JO, elle a permis de fédérer les gens sur l’évolution de l’environnement et les actions à mener. Notre rôle est de trouver des gens, des fonds, de soutenir les personnes qui travaillent sur le terrain.
Vous soutenez mais vous impulsez aussi ?
Nous sommes un accélérateur qui aide les gens à réaliser leurs propres projets. Parallèlement nous avons des informations qui nous permettent de lancer des actions concrètes. La station météo du Requin, par exemple, est la seule qui permet d’avoir toutes les données scientifiques en direct du cœur du Massif du Mont Blanc, en open source de surcroît. Nous avons d’autres actions emblématiques. Nous analysons l’impact du plastique sur les lacs d’altitude avec l’objectif de convaincre les gens de changer leur comportement. Il s’agit d’associer la démarche sociologique au volet scientifique. L’eau est une ressource qui touche tous les domaines.
Toiles d’Isabelle Vougny dont l’eau est un thème de prédilection
L’eau au cœur de la vie
C’est d’autant plus pertinent qu’on a parlé d’or blanc, d’abord pour l’électrification de la région, ensuite pour les stations de ski. Préserver cette énergie et cette ressource est primordial.
Effectivement, mais l’enjeu est encore plus important parce que l’eau est au cœur de la biodiversité. Elle est aussi indispensable à la vie sous toutes ses formes qu’à l’homme et aux activités humaines. Tout le monde est impliqué et l’action est à la portée de tous. Lorsqu’on entend parler de réchauffement climatique, de dérèglement de la planète, on est souvent perdu parce qu’on ne sait pas par quoi commencer. Les gens ne croient pas à l’utilité d’une action personnelle. Disposer en revanche d’un outil commun est un vecteur d’avancée qui permet de donner une direction et de mobiliser ainsi. Tout est lié. Dès qu’il pleut la pollution de l’air est affectée et impacte la qualité de l’eau. Lorsqu’on parle d’un nuage de pollution atmosphérique tout le monde lève la tête et pense que le problème est réglé dès qu’il pleut.
Susciter la prise de conscience et l’action de chacun
On se souvient de la découverte des pluies acides et des photos montrant la dégradation et la disparition de forêts.
Ces dernières années on a parlé de la pollution de l’air à Annecy. Lorsqu’il pleut cette pollution ne disparaît pas, elle gagne l’eau. Même s’il s’agit de microparticules qui ne constituent pas une catastrophe, c’est la preuve que tout est en relation avec l’eau. Elle est un élément universel, tout le monde l’utilise. Tout le monde peut donc agir en commençant par chez soi : les bouteilles de plastique peuvent donner des microparticules dans les eaux. Faire des progrès pour que l’eau soit la plus pure possible, c’est faire des progrès sur tout.
À voir le fonctionnement de la Fondation Eau Neige et Glace, on a l’image d’un réseau hydrographique ; tout se tient, communique. C’est même un réseau total.
Tout le monde n’en a pas conscience. Ceux qui ne s’occupent que de l’énergie ne pensent pas forcément à l’eau tout le temps. Il faut fournir des instruments concrets, des repères qui permettent d’avancer. A tous les niveaux, individuel, collectif, industriel, public, privé. On parle désormais de coalition contre le réchauffement climatique parce que celui-ci est une maladie. Plus on est nombreux à agir, plus on développe une intelligence collective plus on a de probabilités de créer une vague efficace née de toutes nos actions. On voit que ça marche. Il est possible de faire des choses qui nous dépassent. J’en suis l’exemple. Ce n’est pas une méthode, mais le fait qu’au bout d’un moment des choses s’agrègent qui forment une vague. Celle-ci va au-delà des demandes de départ et permet aux gens de changer eux-mêmes leur comportement.
Un message positif
Alors qu’on vit une période difficile, tu portes un message d’espoir.
Il n’y a pas de raison de penser qu’on n’y arrivera pas. On peut changer les pratiques industrielles, celles du transport et d’autres secteurs. Ceci ne viendra pas d’actions comme des grèves mais parce que le changement apparaîtra comme obligatoire. La vague entraînera la prise de conscience et la nécessité de changement. Ceux qui ont le pouvoir le garderont peut-être mais ils participeront au changement d’habitudes de tous. Nos outils créent une trame et une cohérence dans ce mouvement. C’est pourquoi Eau Neige et Glace participe au regroupement de Fondations tout en gardant un contact étroit avec le territoire. Notre action avec OSV montre que tout commence par là, par notre zone de contacts directs pour aller, toujours avec la question de l’eau, tisser le plus d’interactions possibles.