Les liens de l’écologie
25 octobre 2024Dans Nature et préjugés Marc-André Selosse souligne l’importance fondamentale des liens et des échanges qui font de nous des interfaces.
(Photo : céramique de Jean Girel)
Écologie et dépendances
« La dépendance aux autres espèces est le propre de la vie et elle est parfois réciproque, formant des interdépendances…l’humain est hyper connecté au vivant, à de multiples espèces comme celles qu’il a domestiquées, alors que paradoxalement il érode la biodiversité. De plus, comme tous les grands organismes, il est connecté à l’ensemble des microbes des microbiotes qu’il abrite. Ainsi sommes-nous à la croisée d’écosystèmes externes et internes…ainsi devons-nous nous penser comme un ensemble en dépendance et non comme un moi individuel et isolé…
« Je pense donc je suis », quoi ?
Les Occidentaux sont le produit d’une vision cartésienne : elle est centrée sur l’individu comme réalité majeure et minore la pertinence des liens. Le « je pense donc je suis » de Descartes renvoie au fait que nous sommes incertains de ce que nos sens nous communiquent. : voit-on le monde ou est-ce une illusion ? Entend-on le monde ou est-ce une hallucination ? Rien n’est sûr…Face à ce doute, la seule certitude fondatrice est la conscience. »
Les liens indispensables à la vie
L’humain est construit de liens et forme une mince et fragile interface entre des écosystèmes externes et des écosystèmes internes…
Et Marc-André Selosse de continuer en affirmant que l’écologie ne vient pas après d’autres disciplines comme la biologie. Nous sommes faits de liens, tissés en permanence de relations, de dépendances, d’échanges. C’est sur ces liens qu’il faut agir pour améliorer notre sort commun et individuel par voie de conséquence. Alors que nos sociétés segmentent, coupent, séparent pour mieux analyser, gérer, il faut au contraire relier. Il nous faut être intelligents, étymologiquement comprendre en créant des liens . Comprendre au sens de prendre avec soi.
La langue bouche-trous
L’évolution de la langue accompagne celle de nos sociétés . D’où l’expression « faire société », justement, parce que nous sommes devenus des individus ne faisant pas société. Communiquer, partager des émotions, croire en ses rêves traduisent eux aussi un manque. Ce type de vocabulaire fait rustine…jusqu’à la prochaine crevaison.
Dansons !
Nous naissons de cette relation entre l’extérieur et l’intérieur, fines membranes sur lesquelles se joue la vie. Nous sommes comme la paroi d’une céramique fragile et précieuse entre le plein et le vide. Atomes du clinamen et particules quantiques dansantes. L’art, né d’une nécessité intérieure, lorsqu’il crée une œuvre qui enrichit les sens de celui qui la reçoit et la fait vivre en retour, est une danse. Cette danse.