Vos gueules Les poètes
16 juin 2025Pascal Carré portait la poésie libertaire dans son spectacle Vos gueules les poètes à Massilly ce 14 juin 2025. Formule théâtrale légère et itinérante, mais parole puissante. Il pourrait y avoir indécence à dire des textes révolutionnaires devant un parterre bien assis. Mais aucune indécence dans ce souffle qui traverse Pascal Carré, un passeur traversé du rythme de la révolte. Ses mots claquent, à l’opposé des discours politiques qui ronronnent et ensuquent le public déjà assoupi. Le geste, la mimique prolongent le propos qui vient de l’intérieur. La poésie, ne serait-ce pas la vie qui interroge la vie ? Les mots ne dorment jamais, il suffit qu’un porteur s’en empare.
« Être captif, là n’est pas la question. Il s’agit de ne pas se rendre ! »
Conversation d’après spectacle avec Pascal Carré
Il faut y mettre beaucoup de tripes mais trouver le bon équilibre pour ne pas interpeller frontalement les gens. Le porte-manteau que j’utilise, avec le pardessus constituent un troisième personnage qui représente à lui seul les militaires, les religions, les bien-pensants, les politiques, tous ceux contre lesquels se battent ces textes. Ce troisième axe de jeu permet que les gens ne se sentent pas agressés.
Pourquoi ce choix de textes ?
Je suis arrivé à la soixantaine ; j’avais envie de me distribuer, de choisir de beaux textes, d’où le seul en scène, même si c’est épuisant. On est seul pendant une heure et quart. Ça fait plus de texte qu’à deux, plus de boulot, plus de transpiration, d’effort physique. Le théâtre est très physique ! Et puis, à l’époque de la téléréalité ,le théâtre peut servir à réveiller les consciences. Il y a beaucoup de spectacles assez creux qui visent surtout à divertir, sans prendre de risques. On est dans une consommation un peu molle ! Je joue dans d’autres pièces qui relèvent du divertissement, mais mon vrai travail, c’est celui-là aussi.
On reconnaît certains textes mais c’est un peu comme si on les redécouvrait. Tu leur redonnes vie.
J’essaye de les habiter. De faire passer le lyrisme, l’alexandrin dans le langage quotidien pour que les gens ne trouvent pas la poésie ennuyeuse, comme elle peut l’être souvent. C’est pourquoi je choisis aussi de la poésie populaire, comme Nazim Hikmet, Prévert… J’attaque avec Le mot de Victor Hugo, une adresse en alexandrins…
On ne s’en rend pratiquement pas compte.
Et puis la proximité avec le public joue aussi. C’est un spectacle destiné à être présenté chez des gens, en appartement, dans une cour…partout.
Les mots ne dorment jamais. Il suffit qu’un porteur s’en empare, comme de la flamme olympique ; Citius, Altius, Poéticius.
Textes de
Louis Aragon, Jacques Prévert, Nazim Hikmet, Victor Hugo, Léo Ferré, Robert Desnos, J. Pierre Siméon, Patrick Grégoire, Boris Vian, Gavrïl Batenkov, Ossip Mandelstam, Arthur Rimbaud.
Pascal Carré carrepascalpaul@hotmail.com
Informations sur un autre spectacle www.nathaliebaudryartiste.com