« Josée… » en ouverture du Festival d’Animation d’Annecy

« Josée… » en ouverture du Festival d’Animation d’Annecy

14 juin 2021 Non Par Paul Rassat

Josée , Racine, Bérénice to see you

— Alors, tu as vu « Josée, le Tigre et les Poissons » à Annecy ?

— « Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous,
Seigneur, que tant de mers me séparent de vous?
Que le jour recommence et que le jour finisse
Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice. »  C’est du Racine, Bérénice.

— Tu vas voir la projection d’un film d’animation japonais à l’ouverture du Festival d’Annecy et tu me parles de Racine !

— Parce que le film en question est tiré d’une nouvelle écrite par une femme qui adorait François Sagan. Le titre de son roman «  Dans un mois, dans un an » est tiré de Racine. C’est clair ?

— Mouais. C’est du billard à trois bandes.

Poésie, correspondances

— Comme tout le film. Un jeu de correspondances. Une mise en abyme de l’histoire dans l’histoire, au centre de laquelle les livres trouvent leur place. Sagan aimait conduire pieds nus des voitures de sport. L’héroïne du film se fait appeler Josée, comme le personnage principal de «  Dans un mois, dans un an ». Et ce sont des excès de vitesse incontrôlée en fauteuil roulant qui débloquent son destin. On frise parfois le bienveillant mais le style sauve la mise. Navigation entre différents niveaux de réalisme en jouant de la précision du dessin au flou qui crée une distanciation poétique. Une profondeur de champ intellectuelle. Et puis le son. Parfois envahissant. D’une très grande précision. Sonore, retentissant. Ou bien absent. Toute une gamme. Il fait le lien entre le monde extérieur et le monde intime de Josée.

Transformer ses monstres en tigres de papier

— Le film t’a plu ?

— Très agréable. Belle leçon psy sur l’art de créer soi-même ses propres monstres. Chaque image pourrait être un tableau autonome. Animé, l’ensemble crée un rythme particulier. Une belle plongée dans le Festival d’Annecy avec le plaisir d’entendre dire « Je t’aime »  en japonais.