CULTURE: »S.O.S. CULTURE » de Serge Regourd.
9 août 2021Lecture très libre de ces quarante pages. Elles commencent par une anecdote dans les jardins de l’Élysée. Fleur Pellerin vient d’être nommée ministre de la Culture. Hollande « Il faut avoir des idées, va voir Jack [Lang ]. Vals « Va au spectacle ». Hollande : « Tous les soirs, il faut que tu te tapes ça…Et dis-leur que c’est bien, c’est beau…Ils veulent être aimés…Et dis-leur aussi qu’ils sont un levier économique, ils sont très fiers d’être un levier économique. »
Pop pop pop. La culture est pop
La culture d’aujourd’hui se résume à tout ce qui passe dans et par un écran. On confond culture et divertissement. Détachée de l’événementiel, la culture est invisible aux yeux de beaucoup. On en est même à encourager les selfies dans les musées. « C’est qui la nana du tableau qui sourit derrière toi au Louvre ? » Étymologiquement, la culture (via « couture » en ancien français) est l’action de cultiver la terre, l’esprit et l’âme. « Il faudrait se faire à l’idée que le travail des hommes comprend aussi bien leur travail productif que leur effort de compréhension du monde et d’eux-mêmes ». Cette phrase de Gabriel Monnet est peut-être l’une des meilleures définitions de la culture. Elle traduit l’esprit de la Résistance qui s’incarna dans le mouvement Peuple et Culture.
De la culture pour tous à la culture pour chacun
Malraux reprit et tenta de mettre en forme cette volonté de culture. La fin des Trente Glorieuses replaça la culture à la place que l’économie lui réserve en général. Jacques Lang tenta la culture pour tous. On passa à la culture pour chacun. « Ne pouvant alors parvenir à rendre le culturel réellement populaire, l’on fit en sorte que le populaire devînt culturel. » Et c’est ainsi que « le béret basque ou la belote dans un bistrot pourraient ainsi, indifféremment, relever de la diversité culturelle… » Diversité culturelle qui alimente la diversité des marchés et inversement. C’est le marché qui fait sa loi, qui dit ce qu’est la culture et qui régule.
« Pour l’apprentissage brechtien »
Pour sortir de cette dérégulation qui ne profite qu’au marché et atteindre une véritable démocratisation culturelle, il faut « fournir au plus grand nombre les codes d’un jugement libre et non aliéné. » C’est la reconquête culturelle qui permettra d’échapper aux enfermements identitaires. « L’exemple du théâtre public peut en constituer le prisme principal dès lors que sa vocation fut, à juste titre, considérée comme centrale car conjuguant spontanément l’émotion et la réflexion intellectuelle. » Le retour à une approche véritablement populaire de la culture est indispensable. Il doit naître de l’éducation, des parcours scolaires, de la démarchandisation de l’art et de la culture.
Les ministres passent, la culture aussi
Demandez à vos amis, voisins de citer des ministres de la culture. Il y en a eu 22 sous la 5° République. De qui se souvient-on ? Malraux. Jack Lang. Peut-être Maurice Druon pour des raisons qui ne sont pas attachées à son ministère. Jean-Philippe Lecat ? Michel d’Ornano ? Audrey Azoulay ? Michel Guy ? Malraux pendant plus de 8 ans. Jack Lang 6 ans. Certains moins d’un an. La durée moyenne s’établit à 2,3 ans au ministère de la Culture. Serge Regourd souligne que la dernière en date, Roselyne Bachelot, fut à l’émission « Les Grosses têtes » aux côtés de Jean-Marie Bigard. — Moi, j’ai dit Bigard, comme c’est Bigard! »
L’indispensable enseignement
Modifier la hiérarchie poussiéreuse des matières enseignées. Donner une véritable place aux matières dites secondaires. Traiter les élèves comme des individus à part entière. Partir de leurs aptitudes plutôt que les faire entrer dans un moule. Revoir l’évaluation des élèves et des enseignants vaste programme aurait dit le Général. Terminons cet article comme il a commencé, par une anecdote. Valère Novarina a renoncé à l’enseignement lorsqu’il était agrégé stagiaire. Corrigeant un paquet de copies, il s’est rendu compte qu’il plaçait en tête les élèves les plus mal notés habituellement par son tuteur. « Seuls les bons professeurs forment de bons autodidactes ». Jean-François Revel