Genre sexué, grammatical… et inclusivité

Genre sexué, grammatical… et inclusivité

3 novembre 2021 Non Par Paul Rassat

Quelque chose

« On a tous quelque chose en nous de Tennessee » chantait Johnny. Oui, mais quoi ? Le désir, la volonté, le rêve ? Quelque chose est un fourre tout, un pronom tellement indéfini qu’on peut y mettre n’importe quoi. Et même lui attribuer un genre !

Confusion

Voici un passage  écrit par Marina Yaguello dans Catalogue des idées reçues sur la langue. « …que penser de la « logique » d’une langue qui fait coïncider la tombée de la nuit avec la tombée du jour, qui permet de dire : «  Il risque de perdre », mais aussi : «  Il risque de gagner », qui place les adjectifs tantôt à droite et tantôt à gauche du nom, qui emploie le même temps – le présent – pour décrire des événements passés ( le présent de narration), présents ou futurs, qui use du même déterminant – l’article défini – pour désigner l’individu : «  Le chat miaule », ou l’espèce : « Le chat miaule, par contre le chien aboie » ?   

Distribution des genres et des rôles

« Et que dire de la distribution parfaitement arbitraire des genres masculin et féminin pour les noms de chose ? Comment justifier rationnellement la chaise et le fauteuil, la lampe et le lampadaire autrement que par cette équation éminemment suspecte : grand = masculin ; petit = féminin ? Il est tout aussi vain de se lamenter sur tel ou tel illogisme dans la langue que d’exalter son caractère pseudo – logique. »

Évolution

Le livre de Marina Yaguello date de 1988. Avec la société française, l’esprit de sa langue a changé. L’écriture inclusive progresse, fait débat, questionne. Est-ce pour cette raison qu’on entend de plus en plus «  C’est quelque chose de belle » ? Cette incurvation de l’indéfini vers le féminin par proximité du mot « chose », qui est lui – même féminin gagne l’expression commune. On la retrouve aussi bien dans la bouche de Laurent Wauquiez que dans un texte de Pascal Rambert ou que dans l’analyse d’un expert interviewé.

Quelqu’un et quelque chose

Alain Rey écrit «…Quelqu’un, c’est vous, c’est moi, c’est nous tous, les humains. Sexisme évident de la langue…Quelqu’un, c’est donc l’être humain en général , une conscience et un corps parmi des milliards, exactement comme le pronom on, qui vient de homme au sens d’être humain… Le même mot pour « un » et pour « tous »… mais on n’est pas forcé d’adorer le sexisme masculin de cette langue. Au fait, quelqu’un conduit à l’égalité. Sartre, c’était quelqu’un, mais Simone de Beauvoir aussi, et Golda Meir et Indira Gandhi. » Et ça, c’est vraiment quelque chose !

Quand tangue la langue

« J’ai sur le bout de la langue
Ton petit cœur qui tangue
Sur le bout de la langue… » chante Bazbaz