Jeunesse éternelle
12 décembre 2021Jeunes à vie
— Roulez jeunesse! L’homme est un animal néoténique.
— Ta mère !
— T’emballe pas. Ça veut dire que les hommes (et les femmes) restent jeunes toute leur vie.
— Nous ne vieillissons pas ?
— Si, mais nous nous comportons toute notre vie comme des enfants.
— D’où cette mode. On appelle les jeunes gens et les jeunes filles des jeunes. Et puis on s’interpelle « Ça va les filles ? Ça va les garçons ? »
— Le jeunisme gagne aussi la langue. On la met partout !
L’homme est un fœtus de primate
« Dès les années 1930, en se fondant sur les travaux d’anatomie de son temps, Lacan défendait la thèse d’une « prématuration spécifique de la naissance chez l’homme » : tout se passe comme si l’être humain naissait prématurément. Il est fondamentalement inachevé, constitutivement déficient. Ainsi que l’écrit en une formule frappante Louis Bolk, référence chère à Lacan, « l’homme est, du point de vue corporel, un fœtus de primate parvenu à maturité sexuelle ». »
— Frédéric Fruteau de Laclos, Émile Meyerson, Paris, Les Belles Lettres, 2014, p. 154-155 Extrait de Wikipedia
Homo hominis lupus
Drôle de paradoxe. Alors que l’homme est un loup pour l’homme, il est en réalité un chiot. Une étude montre que le chien, loup domestiqué, garde toute sa vie les caractéristiques du louveteau. Comportement juvénile, soumission à la femelle ou au mâle alpha. Comme le louveteau, le chien quémande sa nourriture, il peut japper même devenu adulte. On se souvient de la fable de La Fontaine Le loup et le chien. Dans une meute de loups, le couple dominant peut inhiber les autres de manière qu’ils ne se reproduisent pas, en fonction de la nourriture disponible sur le territoire.
Alpha, premier de cordée…
Au fond, le principe est le même chez les loups et chez les hommes. Les dominants inhibent les autres pour diriger la meute ou le pays. Le véritable désir, ne pouvant se réaliser, est détourné vers la consommation de biens souvent inutiles. Celle-ci tient lieu de moteur au fonctionnement de la société, nécessite une production à laquelle participent les louveteaux humains qui s’asservissent par leur travail même. Ce cercle infernal renforce le cercle vicieux qui nous maintient à l’état de fœtus sociaux et politiques. Chez les loups, en revanche, pas d’idéologie, de manipulation, ni de propagande. On regarde réellement la réalité en face.
Désinhibition pour les dirigeants, conditionnement pour les autres.
Et c’est ainsi que notre organisation politique nous fait croire que nous avons besoin de chefs qui nous serviraient aussi de parents. Le paternalisme des patrons en était un bon exemple. D’autant plus que le mot est dérivé de « pater », père. Nous voyons en ce moment ce que ces abus sémantiques ont pu engendrer comme abus d’un autre type dans l’Église.
De l’intérêt d’amplifier cette néoténie
Les réseaux sociaux déversent informations, désinformations et autres contenus comme un biberon qui viendrait compléter le régime de divertissement déversé par les écrans. Talpa a déjà montré, via Darian Leader qu’image et nourriture sont intimement associés. Le nourrisson voit en même temps le sein et le visage maternel. Les gens régressent gentiment au cinéma, mangeant pop corn et images. Ils sont donc prêts à avaler n’importe quoi. Notre système scolaire renforce ce néoténisme en infantilisant aussi bien les enseignants que les élèves. On s’étonne ensuite que, faute d’esprit critique, ces élèves devenus adultes puissent rejoindre des mouvements ou des partis étroitement nationalistes !
L’homme politique chasse en meute
Et c’est ainsi que se maintient le modèle politique et social qui repose sur la notion de meute. Il est recommandé de hurler avec les autres et de suivre le chef ou la cheffe qui montre plus de muscles que d’idées. Parce que les hurlements empêchent de réfléchir.