Valeurs, mérite et devise

Valeurs, mérite et devise

10 décembre 2021 Non Par Paul Rassat

Valeurs

On nous fait régulièrement le coup de l’appel aux valeurs et au mérite. Le dictionnaire TLFi dit du mot valeur « Caractère mesurable prêté à un objet en fonction de sa capacité à être échangé ou vendu…Prix……évaluation en fonction de l’utilité sociale, de la quantité de travail nécessaire à la production d’un bien ou d’un objet…monnaie, titre négociable… » Passons sur quelques acceptions liées à l’art pour en arriver à la bravoure au combat. Les sens du mot « valeur » qui relèvent de la morale, du social…n’arrivent qu’en fin d’article. Le cœur des significations est lié au prix, à l’estimation de celui-ci, à la quantité de travail fourni pour le justifier. Et c’est ainsi que s’effectue l’éternel tour de passe-passe entre le concret et l’abstrait sur lequel surfent une partie de nos dirigeants  qui ont la propagande et le cœur du même côté que le portefeuille.

Mérite

La droite décomplexée revient en force  avec Valérie Pécresse et la notion de mérite. Le mérite est « la valeur morale de l’effort de quelqu’un qui surmonte des difficultés par sens du devoir et par aspiration au bien ». À bien lire cette définition, on voit que l’effort devrait compter autant sinon plus que le résultat puisque chacun ne surmonte pas les mêmes difficultés suivant bien des paramètres personnels, sociaux, familiaux…

La confusion est significative là aussi. Au 12° siècle, le mérite est le salaire, la récompense. Plus tard, ce sera « le pouvoir de … », puis la valeur. La qualité morale  n’apparaît que plus tard. Mérite et valeur confondent judicieusement, dans l’emploi qu’en font nos dirigeants, le gain et le salaire avec l’effort pour les obtenir. Si on vous accorde du mérite et de la valeur, c’est bien la preuve que vous les avez mérités !

Le sens de l’Histoire 

« Nul vainqueur ne croit au hasard » écrit Nietzsche, auquel Howard Zinn répond « Tant que les lapins n’auront pas d’historiens, l’histoire sera racontée par les chasseurs. »

Bienveillance… !

Et tout le monde de louer la bienveillance qui règne ici ou là. Cette bienveillance qui a remplacé la fraternité. On se souvient de ce candidat aux dernières présidentielles expliquant à des élèves que l’égalité est de gauche, la liberté de droite. Mais les deux ne prennent véritablement leur sens que grâce à la fraternité et non à la bienveillance qui n’en est qu’un ersatz. Revenons au mérite et à sa valeur. Le mérite présente l’intérêt de pouvoir se mesurer. Du moins le croit-on. Dans notre système scolaire, les devoirs donnés aux élèves doivent pouvoir être évalués et notés. Qu’ils soient intelligents est secondaire. Et ils sont évalués à l’aune de l’évaluateur. Il en va de même pour le mérite.

Comment habiller des croyances

Il en va dans de nombreux domaines comme en religion. La croyance constitue la racine. On l’habille ensuite d’arguments qui se veulent logiques et cette logique imparable si l’on oublie son soubassement rend indiscutables  les croyances devenues évidentes. On nous demande, sur ce modèle de pensée, de regarder la réalité en face. Cette réalité forgée à partir d’une idéologie et de chiffres qui la confortent. La démarche vaut en politique, en économie, dans le monde du travail. Les gens bastonnés à un meeting de Zemmour ? On condamne mais on souligne le risque d’aller porter la contradiction dans un rassemblement politique. Souvenir de ce meeting de la gauche pour soutenir Ségolène Royal. Chaque fois que Montebourg prononçait de nom d’un responsable de droite, huées. Applaudissements pour chaque nom de gauche. L’Homme est un animal néoténique. Il demeure juvénile toute sa vie. Et manipulable.