Demain Annecy, un film pour devenir acteur de soi et de sa vie
12 mars 2022Demain Annecy réalisé par Marie Montvuagnard, Caroline Dragacci et Mathieu Coffin. Ce film donne raisonnablement le moral et montre que demain est déjà aujourd’hui. Non seulement il donne le moral mais il est pétri d’espoir comme une bonne pâte au levain naturel. Les initiatives écologiques et vertueuses qui le nourrissent font lever cette pâte à partager.
Projection-débat avec l’équipe du tournage le 24 mars à 19h30 au Cinémas Pathé Annecy.
Le constat
Tout le monde ou presque connaît le constat actuel. Réduction importante de la biodiversité, réchauffement climatique, surconsommation, emprise de l’économie verticale sur l’ensemble des activités. Désespérant ! D’autant plus que dans Et si l’effondrement avait déjà eu lieu : l’étrange défaite de nos croyances Roland Gori enfonce le clou. Nous savons mais nous ne le croyons pas ! Nous demeurons dans le pseudo confort et l’aveuglement du déni. Le film, lui, rappelle qu’un grain de blé peut être revendu deux mille fois avant d’être consommé.
Passer du savoir à la croyance et à l’action
Puisque nous savons, il faut agir. Demain Annecy est un excellent déclic. Projeté le 8 mars à l’IAE d’Annecy-le-Vieux, il a été suivi d’un échange avec des étudiants concernés et curieux, demandeurs d’informations pour agir. Si chacun croit inutile d’agir à son petit niveau, le film réunit de très nombreuses démarches concrètes et très positives. Il contribue à une prise de conscience déterminante. Il est d’autant plus pertinent qu’il s’attache à la ville d’Annecy. C’est de là que partit l’aventure des magasins Fournier et de la grande distribution dans les années 50. Par ailleurs, la ville et le territoire comptent de nombreux atouts. Certains les utilisent au mieux plutôt que de parler seulement d’« un magnifique terrain de jeu. »
Un kaléidoscope complet
Le spectateur découvre les initiatives vertueuses dont l’ensemble couvre pratiquement toutes les activités humaines et tous les besoins fondamentaux. La production agricole, la restauration, la construction, la confection de meubles, de vêtements, la récupération et l’up cycling (recyclage), la réparation, la distribution… Tout y est ! L’ensemble forme un solide maillage que commence à relier la monnaie locale, la Gentiane. Même la mobilité, le sujet qui fâche est abordée. L’avis de Talpa ? Il faudrait aborder aussi le thème de la mobilité des idées. Le système hérité du 20° siècle a montré son utilité à l’époque. Il faut maintenant en changer. Nous sommes à la croisée de deux courbes. L’ancienne plonge, une nouvelle émerge : nous subissons les turbulences de la rencontre.
« Le plaisir d’être responsable »
Caroline Dragacci, co-réalisatrice du film prononce cette excellente formule dans le film. Elle est pourtant un oxymore. Plaisir et responsabilité ne sont pas habituellement associés. Depuis l’école, on infantilise, manipule les esprits afin que nous nous en remettions à ceux qui, eux, prétendent être responsables. Voici succinctement traduit le témoignage d’une ex-enseignante, Charlie Genestoux. « Il faut éviter le pyramidal, la standardisation et la compétitivité. Que savons-nous du monde de 2040 ? Comment y préparer les enfants ? Il faut ralentir, ouvrir à la contemplation et à l’ennui source de créativité plutôt qu’enfermer avec des écrans, sans lien avec la nature. » Apprendre par l’expérience, respecter la diversité, observer, nous retrouvons là les propositions de Vinciane Despret.
Être acteur, pleinement citoyen
Qui se souvient du premier « choc pétrolier » dans les années 70, de la recommandation de chauffer les bâtiments à 18 degrés ? Beaucoup considèrent l’écologie comme contraignante et punitive. Reprenons donc quelques formules entendues dans le film. « Être acteur à mon échelle. » « Bousculer notre vieux système. On ne se rend pas compte du pouvoir qu’on a. Notre vie citoyenne est capitale. » « Passer du pouvoir d’achat au pouvoir d’agir. » « Se faire plaisir en réparant un appareil et en faisant plaisir à quelqu’un. » Responsabilité, action et plaisir vont de pair. « L’écologie, c’est fun » disait Jean-Louis Étienne au Grand Bivouac 2021. Demain Annecy le montre avec un enthousiasme communicatif. Et fait mentir la formule d’Alfred Korzybski (reprise par un romancier) : « Une carte n’est pas le territoire ». La carte, le maillage d’initiatives du film font un territoire bien vivant.
Le mot de Talpa
La taupe se pique de vocabulaire. Nos responsables parlent volontiers de « transition ». Nous avons même un Ministère de la Transition Écologique. Comme si nous avions à passer d’un état à un autre via une transition et basta !. Nous avons plutôt à évoluer, à progresser, à nous améliorer. C’est ce que font les acteurs vrais du film Demain Annecy dans un esprit collectif.
De Demain Annecy à Ma ville demain
Pour aider à la diffusion nationale du film, l’équipe travaille à une version un peu plus courte. Celle-ci se concentre sur les actions reproductibles en dehors du contexte purement annécien. Le gain de temps permettra un échange plus fourni avec le public après la projection. Le titre devient Ma ville demain. 58 projections ont déjà eu lieu, suivies presque toutes de débats. Les gens veulent des réponses sur leur territoire. Ils ont envie de passer à l’action, de s’engager. Le film fait écho à des actions que les élus mettent en place ou qu’ils soutiennent et prolonge leur réflexion. « Pourquoi voit-on l’équipe du tournage dans le film ? En référence au film de Cyril Dion et Mélanie Laurent, mais aussi parce que nous faisons le chemin, avec les spectateurs à la rencontre d’acteurs du territoire. Ces rencontres ont été très riches humainement ». C’est ce qu’explique Marie Montvuagnard.
L’effet positif, dès aujourd’hui
Toutes ces initiatives forment maintenant un réseau. Le contact est pris et maintenu entre des gens qui ne se connaissaient pas auparavant. Leurs associations et leurs actions se développent. À suivre.