Paul March, galerie Art Now Projects

Paul March, galerie Art Now Projects

26 septembre 2022 Non Par Paul Rassat

L’exposition consacrée à Paul March est malheureusement terminée depuis hier. Mais Talpa a découvert cet artiste avec tellement d’intérêt qui vaut la peine de le présenter. D’autant plus que la rencontre s’est produite d’abord par hasard, au MAMCO de Genève avant d’approfondir la question à la galerie Art Now Projects grâce à Franck et Frédéric.

Métamorphose, création

 Paul — Il n’y a pas vraiment de cloison entre l’être humain et l’univers. Ici vous voyez une chrysalide. Elle incarne l’idée de métamorphose. Je préfère montrer une image aux gens que chercher à les convaincre. Le processus de création procède de la même manière. Il ne se passe pas dans le cerveau mais en relation avec le monde. Je trouve d’ailleurs que l’école a une approche trop intellectuelle. Elle n’est pas démocratique. Tous les examens reposent sur la notion que tout se passerait dans le cerveau. Mais la plupart des gens pensent avec les mains, travaillent avec les mains. Avec le corps. J’aimerais donc que les gens comprennent mieux comment fonctionne le système cognitif.

Correspondances

Les gens ont soif de lumière, de couleur. Votre travail est très sobre.

C’est l’effet qui vient avec le travail. Je ne peux pas plaire à tout le monde. Pendant que je travaille se créent des correspondances d’une œuvre à l’autre. On n’échappe pas à ce qu’on a déjà fait. D’où la juxtaposition de ces deux travaux dont je viens de découvrir, très récemment, les similitudes.

Il y aurait un lien, un chemin entre tous vos travaux ?

Ce n’est pas ce qui m’intéresse pendant que je travaille. Je note les correspondances, mais je ne les recherche pas.

Vos insectes rejoignent nos propres vies ?

On peut projeter pas mal de choses sur les insectes. Je les trouve très beaux et j’ai beaucoup d’admiration pour eux. Mais ils sont tellement fragiles !

Rencontre avec Franck à la galerie

 Franck — L’exposition que propose ART NOW PROJECTS est une immersion dans le milieu des insectes. À l’entrée dans la galerie la nature s’empare de notre corps, de notre regard. Immédiatement des sensations en naissent. Et puis un bouleversement, comme celui produit par des spermatozoïdes grandis un million de fois. Les fourmis effraient ou attirent. On est toujours dans l’entre-deux. On joue sur l’échelle, ce qui crée cet entre-deux entre la fascination et la peur. Paul March prend en photo des structures comme des tours construites dans la forêt. Celle-ci les phagocyte, les assimile. Elle reprend ses droits. On se demande même si un pylône ne pourrait pas redevenir vivant, comme dans un échange entre les matières.

Créer des « trucs »

Au mur, un concept qui est un hommage à l’humanité. Un même moule unique permet de réaliser toutes les pièces qui composent cette œuvre. Pour produire chaque pièce, il active une partie du moule. Il regarde quels liens entretiennent ces pièces entre elles, comme le font les humains, pour les rassembler.

On dirait un alphabet.

Un alphabet non verbal. La galerie Art Now Projects s’était investie dans l’univers céramique avec Myriam Mechita. Nous arrivons à son terme pour cette édition avec Paul March et son approche des métamorphoses. Il se dévoue complètement à l’art. Lui apporte une dimension méditative. La nature le fascine ; il la sublime. Comme ces anciens tubes cathodiques investis par des termites. On retrouve l’idée d’entre-deux, cette fois-ci du vivant et du factice. Il ne donne d’ailleurs pas de noms à ses œuvres. Elles sont ses « trucs ».