Poil, pilosité et sens du poil
6 novembre 2022Ecolos au poil
Les écologistes sont plus poilus que la moyenne. Cette découverte sur le poil a été faite à l’occasion des rencontres écologistes européennes de Prague, en 2006. Les communications des différents intervenants avaient été filmées à des fins de vulgarisation. Lors du montage en laboratoire, les techniciens constatèrent avec amusement d’abord, intérêt ensuite, que les messieurs portaient la moustache et souvent la barbe; que les femmes présentaient une chevelure longue, abondante et un léger duvet sur le visage. Ils communiquèrent leurs remarques aux responsables écologistes. Une étude fut menée par le laboratoire européen de biopilosité. Les constatations des techniciens furent confirmées.
Une question importante subsiste: devient-on écologiste parce qu’on est naturellement doté d’un système pileux particulièrement développé, ou bien le poil pousse-t-il de façon plus abondante après qu’on s’est déclaré écologiste (et donc partisan de la protection la plus naturelle contre le froid) ?
Moustache, fascisme et économie
Quels personnages le mot « dictateur » évoque-t-il spontanément ? Hitler, Mussolini, Staline, Castro, Franco, Videla peut-être, Pinochet, Mao…Ces individus qui viennent aussitôt à l’esprit arboraient, pour la plupart, une moustache fine, fournie, bouclée, rase, verticale, horizontale… une moustache.
La moustache, symbole viril du pouvoir absolu ?
On objectera Mao et Mussolini. Le premier était hors concours, il fut même élevé au rang d’œuvre d’art par Andy Warhol. Quant à Mussolini, si son visage ne s’ornait pas de cette virile distinction, il arrivait au personnage de porter l’uniforme des chemises noires, qui comptait un chapeau agrémenté d’un gland. Parfois même deux glands de bonne taille pendaient à sa ceinture. En matière de virilité et de pouvoir, le gland vaut bien la moustache.
La jouissance du poil
Lacan explique l’emprise d’Hitler sur le peuple allemand par « le tout petit-plus-de-jouir d’Hitler, qui n’allait peut-être pas plus loin que sa moustache ». Dans Un captif amoureux, Genet écrit : « La première, quotidienne, l’inexorable obligation de Hitler, c’était de conserver pour le réveil sa ressemblance physique, le balai de moustache taillée, presque horizontale, chaque brin semblant sortir des narines…. » Ainsi donc, on pourra convenir que dans bien des cas cette caractéristique pileuse représenta le pouvoir absolu.
Le poil détourné
Certains en jouèrent, comme Marcel Duchamp affublant La Joconde de superbes bacchantes (dérision ou prise de pouvoir ?), Salvador Dali et son guidon de vélo (dérision et prise de pouvoir), Charlie Chaplin (dérision du pouvoir). Cette caractéristique pileuse est tellement associée à la notion de pouvoir absolu que, dans les démocraties modernes il est de bon ton de se raser afin de s’en démarquer, sans doute pour mieux dissimuler son aspiration au pouvoir absolu. On se souviendra que, lors d’une campagne présidentielle un candidat avoua qu’il pensait à la présidence le matin en se rasant. Certaines élections se jouent à un poil près. Il eût été difficile d’imaginer sa rivale avouer qu’elle y pensait en s’épilant.
Que dit le poil ?
Il faut cependant considérer que le pouvoir ne réside plus dans le domaine politique, mais dans celui de l’argent. Nous vivons désormais l’époque du tout économique, du libéralisme, de la mondialisation où l’argent dicte sa loi, rappelant l’origine du mot « dictateur » : c’est celui qui dit, qui dicte et ordonne, celui pour lequel toutes les décisions se prennent. L’économie tond les peuples comme les nazis tondirent les juifs, récupérant leurs cheveux pour en faire des coussins et des édredons. Nous sommes tondus, rasés pour que quelques uns puissent faire leur pelote de laine, et lorsque l’envie nous prend de nous envoler, nous voilà plumés.
Jusque dans la main
Les discours politiques pré électoraux nous prennent le plus souvent dans le sens du poil pour mieux nous tondre ensuite la laine sur le dos, et afin que nous supportions cette tonte, de bon ou de mauvais poil : même si cela nous horripile, nous n’y pouvons rien.
De temps à autre sévit une bonne crise économique, équivalent d’une sérieuse épilation du maillot, qui tire, irrite mais que l’on supporte dans l’espoir qu’elle annonce des jours meilleurs, vautrés sur un matelas de plage pour les uns, de billets de banque pour les autres, et parce que l’on croit qu’elle épargne l’essentiel. On reprend alors du poil de la bête.
Économie, quand tu nous tiens !
Le poil dans la main, dernière arme anti libérale, anti moustache économique et anti glands ?