Académie Charles Cros / Bernard Cavanna

Académie Charles Cros / Bernard Cavanna

10 juillet 2023 Non Par Paul Rassat

L’Académie Charles Cros remettait le 8 juillet 2023 le Prix du Président de la République au compositeur Bernard Cavanna. Ceci se passait dans l’ Abbaye de Cluny et dans le cadre du Festival «  D’Aujourd’hui à demain » dirigé par Christophe Roy. Lors de cette cérémonie, le sous-préfet ( au chant ?) a remis un vase de Sèvres au compositeur dont l’humour a permis de relever la ressemblance étrange entre l’objet et une urne funéraire. Une œuvre de Bernard Cavanna donnait ensuite lieu à une création avec Noëmi Schindler au violon et Ninon Hannecart-Ségal au piano. On y retrouvait l’humour du compositeur et l’énergie  du lieu. Les propos qui suivent sont inspirés par l’intervention d’Omer Corlaix qui représentait l’Académie. ( Sur la photo : Omer Corlaix, Benoît-Henry Papounod, administrateur de l’Abbaye, Bernard Cavanna, le Sous Préfet, Christophe Roy).

Ces photos ont été prises par ©Anja Muriel Schindler. Bernard Cavanna brandit « l’urne funéraire ». On le voit en compagnie de Noëmi Schindler, débordant d’énergie et d’humour, offrant des cadeaux…

L’Académie Charles Cros

L’histoire de l’Académie Charles Cros coïncide pratiquement avec celle de l’enregistrement sonore. En 1860, Scott de Martinville a eu l’idée de réaliser le premier sonogramme d’une chanson. Le paradoxe étant qu’il a été impossible de lire cet enregistrement à l’époque. Il a fallu attendre 2008 pour écouter cet enregistrement de Au clair de la lune avec la voix de Scott Martinville. On parle d’Édison parce qu’il a créé une industrie en profitant des acquis antérieurs. Charles Cros, poète symboliste, avait eu l’idée de dessiner ce qu’il imaginait comme phonographe et d’en expliquer le fonctionnement. Il y a dans cette démarche une dimension utopiste puisqu’il n’a pas pu fabriquer l’appareil. On retrouve là l’intelligence à la française.

Le Prix du Président de la République

 Peu à peu, au 20 éme siècle, les musicologues, les journalistes, une population qui s’intéresse à la musique se prend d’intérêt pour le disque, pour l’enregistrement. Il est possible d’enregistrer des symphonies, des opéras, des œuvres longues. L’idée naît alors d’enregistrer toutes les musiques. L’Académie Charles Cros naît en 1947 avec une ambition  incroyable : donner un prix à la chanson pour enfants aussi bien qu’à la musique classique, en passant par la parole enregistrée.

L’art de la composition

Le Prix Président de la République est né avec Georges Pompidou. Il a été possible de le convaincre de le créer à condition qu’il soit décerné à un compositeur. Le premier récipiendaire a été Pierre Boulez, suivi par  Henri Dutilleux. À cause de tensions, de problèmes, aucun prix n’a été ensuite attribué jusqu’en 1999.

Certains ont cependant continué à maintenir l’énergie nécessaire pour que le Prix du Président de la République  renaisse. Il est vital de récompenser le travail de compositeurs. C’est une activité qui nécessite beaucoup de temps, d’efforts, souvent dans la solitude et qui mérite une reconnaissance sociale. Une minute de musique peut exiger des jours de travail. Imaginez qu’un compositeur doit écouter sa musique qui n’est pas encore jouée par des musiciens, par un orchestre. Il la vit dans son écoute intérieure. C’est celle-ci que les musiciens vont ensuite transcrire et transmettre.

La question des compositrices  s’est posée pour l’Académie. Nous avons décidé d’alterner compositrices et compositeurs pendant un certain nombre d’années pour voir comment faire plus tard. Avant Bernard Cavanna, Kaija Saariaho avait reçu ce prix dont la dimension est européenne.

Garder la mémoire

Il est intéressant que le prix soit décerné cette année à l’Abbaye de Cluny. L’Église romane a créé cette enveloppe pour accueillir la musique. Enveloppe faite de rythmes architecturaux propices aux rythmes de la musique. C’est toujours une approche du temps qui demande un grand engagement d’énergie, que ce soit pour construire une église ou un orchestre.

Nous avons la chance de garder la mémoire enregistrée de toutes les musiques, et en particulier des créations. C’est le rôle de l’Académie Charles Cros.