Bonlieu 2024/2025
19 juin 2024Ce lundi 17 juin, Géraldine Garin, secrétaire générale de Bonlieu, Scène Nationale d’Annecy et Bertrand Salanon, nouveau directeur, présentaient aux médias la saison à venir. Présentation à deux voix particulièrement bienvenue. Nous en discutons avec Géraldine Garin.
Bonlieu entame la saison 2024 / 2025 avec le Quichotte de Gwenaël Morin. En ces temps politiques troublés, c’est une sorte de respiration.
Et une grande coïncidence, oui. La saison commence avec Quichotte mais il y a plusieurs spectacles qui peuvent faire vraiment écho à l’actualité. C’est plutôt logique puisque les artistes s’emparent de leur quotidien, se nourrissent des évolutions de la société pour créer.
Gwenaël Morin a montré son spectacle à Avignon, le Quichotte est la deuxième œuvre d’un travail mené sur quatre ans, intitulé « Démonter les remparts pour finir le pont. » La formule s’applique bien ailleurs qu’à Avignon !
Elle aurait pu être le fil rouge de la saison dont la construction est toujours un assemblage assez complexe. Avant l’arrivée de Bertrand Salanon j’avais déjà repéré des spectacles et posé des jalons. En discutant, nous avons modifié les choses pour donner une couleur particulière à la saison. La porosité avec le monde politique et les questions sociétales nous paraissaient essentielles. Nous avons aussi la volonté forte d’accueillir des artistes féminines et celles-ci montrent un intérêt très fort pour les mouvements sociétaux.
Parler d’artistes femmes nous mène à cette présentation à deux voix, la tienne et celle de Bertrand Salanon. C’est une première ?
Oui depuis que je suis à Bonlieu.
Une nouvelle façon de travailler se met en place.
Un duo s’installe. Nous avons fait connaissance et maintenant nous travaillons assez bien en complémentarité. Mais nous sommes huit de l’équipe cette année à porter la parole et à présenter les spectacles. Bertrand et moi programmons la saison mais nous sommes plusieurs à avoir vu des spectacles et en parler en équipe conduit à une forme d’éclectisme.
Annecy est une ville gâtée. Un regard critique, poétique, novateur y est d’autant plus bienvenu. Bonlieu pourrait se contenter de ronronner.
Ce n’est pas notre souhait. Et la situation politique rend d’autant plus important de montrer des paroles, des gestes, des pensées d’artistes qui viennent nous nourrir, nous ouvrir sur un monde autre : le nôtre vu à travers leurs yeux. Notre relation au public, à la ville évolue elle aussi grâce au nouveau regard qu’apporte Bertrand Salanon. En découvrant le territoire, il nous permet de nous réinterroger sur nos pratiques.
Impossible de rendre compte de toute la saison à venir. Alain Françon y relit « Les fausses confidences », Stanislas Nordey revisite « L’Hôtel du libre échange ». Marivaux, Feydeau ? Oui, mais ces grandes machines du théâtre se revoient chaque fois avec intérêt quand elles sont bousculées avecintelligence. Virginie Despentes et Béatrice Dalle nous emmèneront ailleurs, ainsi que Camille Cottin, Clara Ysé ou bien Arthur Teboul… Quelques mots ou expressions relevés lors de la présentation de cette saison : « Absurde, drôle, dérangeant, organique, sensible, irrévérencieux, solidarité et fragilité, énergie et liberté, espérer, créer des vibrations, appréhender sensiblement ce qu’est le vide, résilience…
Bonlieu tisse de nouveaux liens. Alain Françon fut le premier directeur du CDN installé à Chambéry. Bertrand Salanon a travaillé avec Stanislas Nordey, une sorte de continuité dans la fidélité qui n’interdit pas de visiter de nouvelles directions artistiques et culturelles. Et puis, un détail ? Les noms de toutes celles et de tous ceux qui forment l’équipe de Bonlieu figurent dans le livret qui présente la saison. Demandez le programme !