Ceci n’est pas une guerre

La Russie mène en Ukraine non pas une guerre mais des opérations spéciales. Rappelons que « spécial » est relatif à l’espèce, particulier. Spécial s’oppose à « général », même s’il y en a dans toutes les armées. Allons plus loin. Dire de quelqu’un qu’il est « spécial » laisse entendre qu’il est dérangé. Aucun problème sauf quand le dérangement intérieur provoque le dérangement du monde…

Périphrases, mon amour !

On utilise habituellement des périphrases quand on ne connaît pas le mot précis. — Tu sais, l’habitude de reporter au lendemain ce qu’on devrait faire le jour-même. — La procrastination. — Ou bien trouver, inventer incidemment un truc qu’on ne cherchait pas. — La sérendipité. La périphrase permet aussi d’éviter des répétitions, d’édulcorer le sens. Les opérations spéciales renvoient aux opérations de maintien de l’ordre dans l’Algérie colonisée. Opérations tellement bien menées qu’elles n’ont pas encore cicatrisé.

De l’importance lexicale

Certains évoquent, à propos des forces de l’ordre françaises, le recours à une violence légitime. M. Poutine doit penser que la violence qu’il exerce sur un pays, une profession, son peuple est légitime. Les terroristes aux yeux des nazis étaient en réalité des Résistants.

Présomption

Certains candidats à la Présidence de la République parlent, pour les forces de l’ordre, de la présomption de légitime défense. Le dictionnaire nous dit que la présomption «  est une opinion fondée seulement sur des indices, des apparences. » Au 12° siècle, la présomption était une opinion très avantageuse de soi-même. Le mot a donné présomptueux. Si les gardiens de la paix, devenus les forces de l’ordre doivent à l’évidence être respectés, ils ont des obligations. Être assermenté ne constitue pas un privilège – une présomption de sincérité- mais l’obligation de dire la vérité. De même, « Nul n’est censé ignorer la loi » est une absurdité. Personne ne connaît toute la loi ! Mais la loi doit être accessible à tous dans sa formulation.

Ceci n’est pas…

On sait les abîmes de perplexité dans lesquels nous plonge le titre du tableau de Magritte «  Ceci n’est pas une pipe. » Nous devrions nous en inspirer pour éviter les violences et les exactions russes. Sur les bâtiments ukrainiens concernés, peignons des messages bien visibles. « Ceci n’est pas un hôpital, pas un centre culturel, pas un théâtre, pas une école… » Et afin de protéger les espèces rares «  Ceci n’est pas un Président de la République française prénommé Nicolas. »