Clair-obscur en gravure, exposition Genève

Clair-obscur en gravure, exposition Genève

18 février 2023 Non Par Paul Rassat

Le Musée d’Art et d’Histoire de Genève met à l’honneur ses collections. Du 4 février au 28 mai 2023 la gravure en clair-obscur est exposée au grand jour. Madame Bénédicte de Donker nous en explique l’intérêt.

Patience et virtuosité

Nous sommes en général submergés par une profusion d’images qui se succèdent. Cette exposition nous fait plutôt voyager dans le temps, dans l’Histoire. C’est une autre approche.

Effectivement. Notre monde va vite, les images que nous montrons ont nécessité un long temps de travail. La patience, le travail de la main rejoignent la virtuosité technique.

En photographie les techniques modernes reproduisent les couleurs à la perfection. On garde pourtant le noir et blanc qui nous rapproche un peu de cette technique du camaïeu.

Bien sûr, la gamme de couleurs est restreinte. Mais je soulignerais plutôt la découverte d’une nouvelle technique à l’époque, qui entraîne une esthétique très particulière à travers une seule couleur déclinée en plusieurs teintes. Ceci donne une autre réalité qui correspondait à l’époque à l’attente de collectionneurs, d’amateurs éclairés liés à la Cour. Il faut dire qu’au 16° et début 17° siècle, principalement en Italie et dans les pays du nord seulement deux cents œuvres ont été réalisés en clair-obscur ; en cinquante ans. Ce n’est rien comparé à toute la production de gravures dans d’autres techniques à la même époque.

Des happy few  au grand public

Pour quelles raisons ?

À cause de la difficulté technique, du prix de l’objet. Et puis de cette technique qui s’adresse à un milieu particulier de collectionneurs. Un peu comme la collection capsule d’un grand couturier.

Alice Bailly. Petite Valaisanne 1906. © MAH

Cette exposition permet donc à tout le monde d’admirer une virtuosité réservée autrefois à quelques uns. Cette technique novatrice au 16° siècle est reprise au 19°siècle.

Sans doute parce qu’en regardant ces feuilles du 16° siècle on réalise que ce sont des chefs d’œuvre. Le 19° siècle souhaite revenir à des gravures originales et ne pas se limiter à la gravure de reproduction. On copiait à la chaîne pour les journaux, par exemple.

Du 16° au 19°siècle

Les œuvres du 16° siècle s’inspirent de la mythologie, de la religion. Le 19° se tourne vers les sujets de son époque, comme le portrait.

Pierre-Eugène Vibert, qui remet cette technique au goût du jour, grave surtout des portraits et des paysages. C’est l’évolution normale de l’iconographie, liée à son époque.