Démocratie participative

Démocratie participative

21 novembre 2022 Non Par Paul Rassat

Talpa assistait ce samedi 19 novembre 2022 à une réunion de L’Espace Citoyen du Grand Annecy. Rencontre conviviale rassemblant de nombreuses bonnes volontés. Le compte rendu qui suit et l’analyse de Talpa sont partiels, subjectifs. Ils correspondent à un regard ponctuel  sur cette démocratie participative. Ou plutôt consultative. ( Photo : la démocratie, c’est comme l’amour, regarder ensemble dans la même direction.)

L’élu est un berger

L’Espace citoyen réfléchit à de grands thèmes. Climat, urbanisme, alimentation, eau, mobilités. Enjeux auxquels les réponses apportées par les élus engagent l’avenir à long terme. L’Espace Citoyen remplit un rôle  majoritairement consultatif. Il agit à la demande des structures officielles. Il peut cependant s’autosaisir d’un sujet, comme celui de la jeunesse qui constitue un axe transversal. De la réunion de ce samedi est ressortie l’impression de réfléchir après coup, une fois que les décisions ont été prises par les élus. Peut-être même que ceux-ci attendraient de l’Espace Citoyen une sorte de validation de leurs décisions par le relais qu’ils en feraient aux citoyens du territoire. C’est que dans le feuilletage de consultation et de décision interviennent les experts de l’agglo, des cabinets de conseils, la préfecture…Instruit plutôt que s’étant réellement documenté, l’élu tranche. Pour le bien de tous. Amen.

L’élu serait un arbitre

Présenté ainsi, le rôle des élus serait celui d’arbitre. Au football, celui-ci ne décide ni du terrain, ni des règles du jeu. En politique il influe tout de même sur la composition des équipes auquel le citoyen participe lui aussi par son vote. Et après, on joue ! À quoi ? Apparemment à gérer davantage ce qui est déjà en place que l’avenir. Roland Gori, en matière d’écologie, pense que la catastrophe a déjà eu lieu. Il nous faut le temps d’en prendre conscience, d’en ressentir les effets concrets pour enfin ré-agir. Nous sommes toujours plus en ré-action qu’à l’action.

Distanciation

Nous ne voyons que ce que nous reconnaissons. C’est le cas devant (et non « face à…) un tableau. À l’écoute de musique, dans une idée nouvelle, dans une conversation. La mode est aujourd’hui de privilégier l’écoute, la bienveillance. La controverse tourne à la caricature dans les médias afin de faire de l’audience. Le véritable échange d’idées, de propositions n’est plus de mise. Il engagerait trop les participants. Alors on lénifie, on édulcore. On procède par éléments de langage, par briques déjà constituées. On rassemble et rassure davantage qu’on innove. C’est ainsi que l’on parle de « faire territoire », de « vivre ensemble », parfois de « faire société ». Les acronymes fluidifient le discours. Les gens en situation irrégulière deviennent des OQTF. On les abstrait.

Ne pas compéter plus haut que…

De tour de table en tour de table, de reformulation en reformulation synthétique la pensée s’aseptise, devient administrative et prédigérée. Prête à être rangée sur un rayon ou dans un dossier. Clic !

Une proposition  avait pris forme ce samedi matin. Ajouter la culture aux thèmes de réflexion déjà cités. La culture, axe transversal qui réunit les générations, diverses activités ludiques, artistiques, commerciales… Pas possible. La culture n’est pas de la compétence du Grand Annecy mais des communes, fut-il répondu. L’élu gère, le citoyen digère la gestion de l’élu qui semble se contenter d’être un arbitre.

Le feuilletage bourratif

Le directeur de Bonlieu Scène Nationale quitte ses fonctions en mars prochain. Il est en place depuis une trentaine d’années. A vu passer combien d’élus ? Son budget est  alimenté par des structures nationales, internationales, régionales, départementales, municipales. La Scène Nationale fait partie du réseau des Scènes Nationales. La structure a la main sur nombre d’initiatives et de compétences qui se sont peu à peu élargies. Et une réflexion sur la culture locale ne peut se faire qu’à l’échelon communal ! C’est vraisemblablement de cette absence de cohérence que souffre la politique à différents niveaux. Est-elle due à une méconnaissance, à la force d’inertie, à autre chose ? Souvenir de cet employé de mairie qui à Marrakech répondait à un Français irrité du fonctionnement local : «  De quoi vous plaignez-vous ? Nous avons été formés par l’administration française. »