Démotivation

Démotivation

5 avril 2024 0 Par Paul Rassat

Parcoursup pointe le bout du nez. Les candidats doivent produire une lettre de motivation afin d’être admis dans ce parcours semé d’embûches. Il paraît même que les lettres de motivation sont lues. Oui, parfois à deux reprises ! L’époque étant au – que l’on tretrouve dans déconstruire, dénazifier, débarrasser le plancher, ce petit dé- qui fait déborder le vase, pourquoi ne pas produire une lettre de démotivation ?

Motivé

Il est de bon ton d’accompagner une demande d’emploi d’une lettre de motivation. « Motivé, motivé », comme dans la chanson, il est bien vu d’être motivé parce que si tu décroches un emploi sans être motivé  ce n’est pas juste pour les gens motivés qui n’arrivent pas à bosser. Mais à y bien réfléchir, il serait juste que les gens motivés travaillent, tous, et que les gens démotivés ne travaillent pas, non ? Et à y réfléchir davantage, si tu es tellement motivé pour travailler, à quoi bon te payer ? Tu travaillerais quand même, puisque tu es motivé.

   D’où l’intérêt de la lettre de démotivation, qui inciterait les employeurs, les créateurs de richesses à mieux payer leurs employés afin de les motiver ou de les remotiver.

En voici un exemple dont vous pourrez librement vous inspirer.

Lettre de démotivation

Non, je ne souhaite pas travailler dans votre entreprise qui n’emploie pas des salariés mais des collaborateurs afin de créer des richesses in a bizounours land calquée de loin sur Disneyland. C’est pourtant tentant. Le Smic assuré pour une durée déterminée. Pas d’engagement à vie, pas d’embrigadement mais la possibilité de repasser au chômage à n’importe quel moment. Souplesse dorsale, mobilité salariale, flexibilité à tous les étages…que demander de mieux ? C’est pourtant tentant, je l’avoue, mais je ne suis pas certain d’être à la hauteur d’un si bas salaire ; il me faudrait baisser le niveau de mes prétentions. Utopique, me dites-vous ? J’en suis bien conscient, Monsieur le créateur de richesses, d’emplois et de bien- être, j’en suis bien conscient. Mais serai-je suffisamment flexible, aussi flexible et souple que les réseaux de l’argent, de la finance, que les circuits de la compétition internationale dont personne ne sait situer la ligne d’arrivée et qui consomme tant de carburant humain en polluant nos sociétés ?

Je sais, oui, il me faudra bien bouffer…Mais pas de ce pain là. De la mauvaise volonté, moi ? Vous croyez ? Adhérer à l’idéal de la production, à la progression du niveau de richesses, y participer ? Et dans le même temps lire Le Petit Prince à mes enfants. Ce ne serait plus de la souplesse dorsale version Cyrano mais du contorsionnisme. Alors autant faire du cirque ou de la scène. Du mauvais esprit ?  Peut – être. De l’esprit, en tout cas, de cet esprit qui ne souffle pas dans votre entreprise.

Esprit, es-tu là ?