Dussopt Sagan et les retraites

Dussopt Sagan et les retraites

21 mars 2023 Non Par Paul Rassat

Drôle d’impression à écouter Olivier Dussopt à la radio il y a quelques jours. La voix sans l’image donne l’impression que Françoise Sagan est toujours de ce monde. Ne manque qu’un Pierre Desproges pour donner à la réforme des retraites sa pleine mesure. (Légende du dessin de Franz Schimpl — Tu travailles encore à ton âge! — Non, je surcote.)

Au travail !

Interrogé sur les ratés de la réforme des retraites, le ministre du travail a déclaré qu’il fallait continuer à la travailler. C’est ce qu’a fait le Sénat, que n’a pas pu faire l’Assemblée à cause de ces garnements de la gauche. Le ministre comprend, respecte les réactions. Mais, mais, mais : «  Cette réforme, c’est un effort que nous demandons aux Français mais nous savons combien elle est nécessaire ». Ah, ce Français bougon, gaulois, demeuré enfant  qu’il faut un peu bousculer pour son bien quand la pédagogie a montré ses limites ! On rêverait de voir un ministre du tourisme défendre la réforme des retraites et celui du travail défendre la culture.

La mécanique des arguments solides

Aux interviewers qui lui faisaient remarquer qu’il sera pratiquement impossible de travailler pour surcoter avec un départ à 64 ans, Olivier réplique plus ou moins : «  Ah, vous voyez, les Français dénoncent le départ à 64 ans mais ils veulent travailler plus longtemps, c’est contradictoire. » Olivier, mon grand, il ne faudrait pas que ta bonne ville d’Annonay te transforme la tête en ballon. Crois-tu que ceux qui souhaitent travailler pour surcoter le feraient par plaisir, par amour du travail ? Ceux que tu appelles «  Ces gens-là ». Expression reprise en chœur par les deux interviewers. Ces gens-là après les vrais gens.

  Bêtise Deleuze

« La bêtise est une structure de la pensée comme telle : elle n’est pas une manière de se tromper, elle exprime en droit le non-sens dans la pensée. La bêtise n’est pas une erreur, mais un tissu d’erreurs. On connaît des pensées imbéciles, des discours imbéciles qui sont faits tout entiers de vérités ; mais ces vérités sont basses, sont celles d’une âme basse, lourde et de plomb. La bêtise et, plus profondément, ce dont elle est le symptôme : une manière basse de penser. […] Lorsque quelqu’un demande à quoi sert la philosophie, la réponse doit être agressive, puisque la question se veut ironique et mordante. […] Elle sert à nuire à la bêtise, elle fait de la bêtise quelque chose de honteux. »

Montage réalisé en 2003

Gilles Deleuze Nietzsche et la Philosophie, PUF, Paris, 1962

Une réforme, oui, mais quelle réforme ?

Toutes celles qui ont été proposées figent les inégalités de vies de travail et les amplifient. C’est en ceci qu’elles sont inacceptables. Certains ont reçu en 2003 la merveilleuse lettre signée du Premier Ministre de l’époque, l’ineffable Jean-Pierre Raffarin. Il y était question de « plus de sécurité…plus de liberté…plus de solidarité ». On y lisait les mots « effort partagé, solidarité, vérité, travail de tous… »  Voir à ce sujet le discours du général Mandibule dans le film Fourmiz. Le propos est émaillé de superlatifs, de « plus » censés emballer l’esprit des auditeurs que le « guénéral » cherche à enfumer. Il leur demande un effort pour atteindre le nirvana : en réalité il les mène à leur propre destruction. François Sagan, général Mandibule, montrez votre vrai visage !