Essence de la poésie

 L’essence de la poésie est un allègement qui permet d’échapper à la pensée tout en y plongeant , ce temps qui défile jusqu’au bout. Dépensée. Vidée. Arrêtée. Un retournement sur soi, héron, grue prenant la pose, un autre regard. Chasser les fards pour tenter d’atteindre l’essentiel. Trouver notre centre de gravité, gravides d’enfantement et de création alors que le temps défile et que nous passons. Fidèles au mouvement car paradoxes nous sommes, présents et fuyants, enfuis. Allègement-approfondissement de l’amour, des racines aériennes. La parole multiple rejoint les corps mêlés, fait sel de vie.

Nécessité

«  Kleist écrivit un jour que le poète aimerait par-dessus tout pouvoir transmettre les idées elles-mêmes, sans les mots. ( Quel étrange aveu !) »

 Wittgenstein Remarques mêlées

À défaut d’y parvenir, le poète écrit des mots qui ne sont pas interchangeables en des énoncés dont la syntaxe ne peut être modifiée. C’est comme ça, ça ne peut pas ÊTRE autrement. Cette écriture est une nécessité.

La mangeoire au sablier

« Alors montent les humeurs de toutes nos nourritures, riches de terre et d’herbages, de tendresse épicière et épicée, emplies de l’amour que nous portons aux bêtes et dont nous usons pour préparer la rencontre, précédée d’une demande de pardon. »

Jean-Daniel Robert La mangeoire au sablier . Livres du monde