Étiquette

Voici ce que le dictionnaire dit de l’étiquette. « Petit écriteau généralement en carton ou en papier que l’on fixe sur un objet pour donner la dénomination, la provenance, la destination, le prix. » L’étiquette informe, précise et fixe. Si elle vous annonce que vous achetez une boîte de haricots, vous êtes normalement sûr d’acheter des haricots. Ce qui est rassurant. Mais ce qui interdit toute surprise. Notre monde est étiqueté, balisé et gpsisé. Le tourisme est organisé. Et le principe de précaution généralisé a remplacé la formule «  Dans le doute abstiens-toi. » Certaines et certains poussent la précaution à l’extrême et la transforment en abstinence sexuelle. Peut-être les mêmes qui mangent des haricots en boîte.

Étiqueter

On étiquette les gens comme on achève bien les chevaux. Chacun se balade avec une étiquette sur le front censée dire qui il est, comme dans ce jeu de société. Mais «  L’habit ne fait pas le moine », l’Élysée ne fait pas le Président et l’organe n’est pas toujours à la hauteur de la fonction. L’étiquette est parfois trompeuse. Dans un souk où les prix ne sont pas affichés, vous savez qu’il faut marchander. C’est même un art de vivre, un devoir culturel. Dans un supermarché de la démocratie où les étiquettes sont trompeuses, vous vous faites avoir deux fois plutôt qu’une. Vous croyez être en démocratie et vous croyez au programme politique affiché. Et puis, à force d’être trompé, vous élisez sans vous fier au programme quasi inexistant. Et paf, c’est la réforme des retraites !

Un chouia d’étymologie

« 1387, estiquette « poteau servant de but dans certains jeux » nous annonce le TLFi. Du verbe de  l’ancien français. estechier, estichier, estequier « enfoncer, ficher, transpercer ». On ficherait donc le poteau en terre comme une étiquette royale à la cour pour contrôler, fixer, diriger. Pour gérer. La maladie de l’étiquette et de la gestion nous a fait croire que nous pourrions faire entrer le monde entre des poteaux fichés dans l’économie, l’administration et la politique. L’écologie nous montre le contraire. Réensauvageons la nature et désétiquetons la société.