Foie gras, une drôle d’espèce animale à lui seul

Foie gras, une drôle d’espèce animale à lui seul

17 décembre 2021 Non Par Paul Rassat

Le foie gras et le pagure

Le foie gras est un peu l’équivalent du bernard l’ermite dont le nom scientifique est pagure. Comme celui-ci, le foie gras est fragile, dépourvu de défenses naturelles et doit se protéger  en trouvant le moyen de s’abriter ; c’est pourquoi le foie gras loge dans un canard ou dans une oie que l’homme cuisine par simple souci d’économie lorsqu’il veut s’emparer d’un foie gras qu’il peut accommoder de bien des façons. Certains trouvent scandaleux qu’on sacrifie oies et canards dans le simple but de consommer des foies gras. Il est effectivement peu glorieux de s’en prendre à des pauvres bêtes, contrairement à l’éléphant, sans défenses. On consomme davantage de foies gras que de lions et à vaincre sans péril on triomphe sans gloire, mais Dieu que c’est bon !

Gavage animal, scolaire…gaver est-il français?

L’observation des animaux n’a pas donné que les Fables de La Fontaine ; ils sont partout, pas uniquement dans nos assiettes. Le verbe rater vient du nom rat, comme louper du nom loup, quand caner dérive de cane et quand ça canarde dans tous les coins certains y laissent plus que des plumes et finissent au sang ou à l’orange. En temps normal, le canard se contente de faire coin-coin en attendant qu’on le gave de la même manière que les élèves qui finissent parfois par avoir une grosse tête plutôt qu’une tête bien faite. Grosse mais vide. Et qui prend la défense des élèves alors que certains se mobilisent pour défendre les canards et le gavage qu’ils veulent interdire ? Personne !

Un petit coup de langue ?

La vache s’avachit, le cochon cochonne, le lézard lézarde, le mouton moutonne, le grenouille grenouille, le cafard cafarde et ainsi de suite ; mais que fait l’homme ? Et pour être inclusif, que fête la femme ? En un mot, que fait l’humain ? Il devrait logiquement humaniser mais il y a ce bougre de suffixe qui s’obstine à exprimer le contraire et finalement, à la réflexion, au final et d’évidence l’humain déshumanise. Alors que le lézard ne délézarde jamais, pas plus que la grenouille ne dégrenouille, pas davantage que le faisan ne défaisande. Sauf miracle.

Quelle leçon tirer de tout cela ?

Il y a de l’animal dans l’animal et même au-delà puisqu’il y a de l’animal dans l’homme, mais trop peu d’homme dans l’homme. C’est pourquoi la consommation de l’homme présente un très faible intérêt gastronomique. Et puis, comme tout a une fin, il arrive que le canard cane. En terrine finit son foie. Pour ce faire, dénervez-le car un foie énervé présente moins d’intérêt. Il vous faut un foie relax, zen, détendu qui fonde et enrichisse votre palais d’un plaisir subtil et soyeux.

Bon appétit !