« Gertrude Stein et la Génération perdue »
18 août 2022Connaître, reconnaître
La clé de cet album graphique sur Gertrude Stein se trouve certainement page 92. En haut et à gauche. Deux chiens s’y reniflent le derrière. Cherchent-ils à se connaître ou à se reconnaître ? « Connaître, c’est apprendre quelque chose du monde. Reconnaître, c’est découvrir une part de nous-même dans le monde. »
Réflexion
Au-delà des remarques sans doute justifiées du Canard Enchaîné à propos de précisions historiques, cet album est une réflexion esthétique et philosophique. « …nommer les choses met des limites…il faut sentir ce qu’il y a dans ce que l’on nomme. »
Un regard tranchant
Ça commence dès la couverture. Gertrude assise, de face. Tableaux au mur, motifs de tissu du fauteuil, des vêtements forment un patchwork. Au cœur de celui-ci un regard et un visage qui saisissent. La dame s’impose et en impose. La qualité du dessin est à la hauteur de la démonstration, tout le long de l’histoire. Subtil, parfois sans cases afin que rien ne pèse.
La ronde des génies
Picasso, Matisse, Ezra Pound, Hemingway, Derain, Francis Scott Fitzgerald…Gertrude tenait salon. L’esprit en était exigeant. Il fallait être à la hauteur des génies qu’elle attendait. « Tout a commencé à Paris durant ces années-là. Nous, une génération brisée par la guerre, abîmés par la désillusion, comment pouvions-nous oublier l’extase de ces soirées chez Gertrude Stein ? »
La médiocrité et le génie
L’esprit de ce livre montre la fragilité extrême de la réalité que chacun construit. On retrouve cette fragilité lorsque l’on nous demande comment faire le portrait de quelqu’un sachant qu’une personne change chaque jour. Le contingent et l’essentiel ? Astuce pour associer les contraires : ce livre est un roman graphique autobiographique dont le narrateur est un personnage fictif et médiocre racontant la vérité. Ceci lui permet de s’interroger sur le génie des autres.
L’histoire des chiens
Si vous souhaitez vous amuser, lisez L’histoire des chiens, d’Alexandre Dumas. Elle explique ce que l’on voit page 92.