Helvetius

Helvetius

21 octobre 2024 0 Par Paul Rassat

 L’album Helvetius est tiré de la pièce de théâtre écrite par Dominique Ziegler. Voici ce que vous pouvez lire en quatrième de couverture de ce premier tome Le temps des menaces.

— « 59 avant Jésus Christ. Les Helvètes subissent les assauts répétés des Germains. Ils n’ont plus qu’une solution : l’exil. Pendant ce temps à Rome, le Consul Jules César conspire pour obtenir les provinces d’où il pourra  lancer une guerre de conquête à son profit. Des deux côtés, les stratégies s’élaborent et le danger grandit. Tiré de la pièce de théâtre du même nom, Helvetius relate l’épopée méconnue des Helvètes et leur confrontation avec Rome, qui changea le destin du monde à jamais. »

Du rythme

Le rythme du livre, inspiré d’un texte et d’une mise en scène pour le théâtre, ne connaît aucun temps mort, aucun effet inutile. Quelques pages tiennent lieu de scène d’exposition : les relations mère-fils, la volonté de supplanter même Alexandre le Grand, le mystère et la méthode. Et déjà une légère évocation de l’épilepsie dont souffrait Jules César. Il paraît même qu’il serait allé au-devant des conspirateurs qui le tuèrent, parmi lesquels son fils Brutus, car il souffrait trop et abrégea sa vie de cette façon. Mais c’est une autre histoire.

Des péripéties

Pièges, chausse-trappes, machinations, promesses et trahisons, exode et pérégrinations alimentent le récit historique. Tous les moyens sont bons pour parvenir à ses fins. La sexualité de celui qui deviendra César en est la vivante illustration. L’enchaînement des pages 37 et 38 érige cette stratégie en obélisque, métaphore de la pénétration du pouvoir et de l’érection.

Les Helvètes sont à la périphérie des préoccupations romaines. Il est passionnant de voir comment ils vont se retrouver au centre d’enjeux dont le cœur se situe au Sénat, à Rome. Y suivre les échanges fielleux entre Cicéron, Caton, César est d’une certaine façon émouvant. Ces grands hommes de qui les noms ont traversé l’Histoire se montrent bas, calculateurs, vicieux. Et il apparaît que cela n’a pas toujours été pour la plus grande gloire de Rome mais pour défendre leurs positions ou leurs intérêts personnels.

Intemporalité des motivations humaines

On est encore loin des coffres forts, du fromage et de la neutralité. Il saute  cependant aux yeux que les ressorts de l’humain et de l’histoire n’ont pas changé et que le récit de Dominique Ziegler ne demande qu’à être transposé ailleurs, aujourd’hui. Soif de pouvoir, ambition démesurée, ego exacerbé, manipulations, mensonges, fake news et trahison sont toujours de mise. Aristos et populistes aussi. Ajoutez l’exode, les peuples chassés et faites le lien avec l’actualité, où que vous soyez. Et puis, si l’on reste très attachés, côté français, aux albums d’Astérix, Helvetius permet de découvrir un César plus vrai.

On attend la suite !