« La police tue ». Coup de matraque médiatique ?

« La police tue ». Coup de matraque médiatique ?

9 juin 2022 Non Par Paul Rassat

Est-il possible de dire que la police tue ? Oui, puisque Jean-Luc Mélenchon le dit. –t-il raison de le dire ? C’est une autre paire de galons. Pierre Desproges proclamait urbi et orbi qu’on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui. Ce qui était une façon de rire du rire avec tout le monde. Une sorte de mise en boîte et en abime. On peut donc dire que la police tue, mais pas sans contextualiser le propos. Celui-ci est –il un constat ? Une affirmation ? Une accusation ? Une indignation ? Indignation qui sur d’autres rives politiques aurait une autre signification. « La police tue ? Ce n’est pas possible. Elle ne fait qu’exercer une violence légitime. Et puis, tuer des racailles, ce n’est pas tuer… »

La théorie des ensembles, inclusion, exclusion…

Les plus âgés ont subi un enseignement très approximatif des mathématiques modernes dans les années 60. Certains pourraient même soutenir que les mathématiques tuent. Mais c’est un autre débat qui nous mènerait au vivre ensemble via l’enseignement. Revenons à la théorie des ensembles qui nous permet d’aborder rationnellement notre sujet de réflexion. La police tue-t-elle ? Ne fait-elle que tuer ? Peut-on être dans la police sans tuer ? La police recrute-t-elle des individus prédisposés à tuer ? Questions subsidiaires. Pourquoi la police tue-telle ? Est-ce normal ? La police est-elle conçue pour tuer ?

La réalité en face (encore !)

On nous serine qu’il faut voir la réalité en face et on détourne la face chaque fois qu’une arme en atteint une. «  Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » écrit Albert Camus. Mal employer la police aussi. Mal nommer, cacher sous la moquette, jouer les Œdipe, attendre que l’on casse les codes sur la tête des manifestants…On vient d’apprendre que le Général de Gaulle avait recommandé de faire toute la lumière et de sévir après les massacres du 17 octobre 1961 à Paris. Aucune sanction, cependant, ne fut prise. Trop de responsables étaient impliqués. — T’as vu la réalité ? — Non, elle doit être dans un dossier. »

Syllogisme

Le syllogisme est une trame de raisonnement qui peut donner des résultats surprenants. Socrate est un homme. Tous les hommes sont mortels. Donc Socrate est mortel / La police tue. Le tabac tue. La police est du tabac / La police tue. La police tue. Donc police et voyous, c’est pareil. Ceci nous renverrait au fameux SAC (Service d’Action Civique) du Général. Un vrai fourre-tout, ce SAC .Voyous, hommes de mains, services secrets, hommes politiques…L’un des titres de gloire du SAC fut la disparition de l’opposant marocain Ben Barka. Quelques massacres émaillèrent aussi l’histoire du SAC. Cette époque est bien révolue.

Le bruit aussi tue

Un rapport officiel estime le coût social du bruit en France à plus de 147 milliards par an. Dommages sanitaires, environnementaux..Pourquoi ne pas utiliser la police à tuer le bruit ?

Zones de friction

Hôpital, école, police constituent traditionnellement des zones de rencontre transformées peu à peu en zones de friction. Ces interfaces se sont tendues parce que placées en périphérie plutôt qu’au centre de la société, celui-ci étant occupé par l’argent. Même situation avec les quartiers passés eux aussi du centre à la périphérie. D’un sens neutre à une connotation péjorative.

Exemple annécien

La bonne ville d’Annecy suit cette évolution. Les problèmes de circulation, de bruit y sont repoussés à la périphérie. C’est qu’il faut maintenir cette boboïsation épanouie au cœur de la cité. Pour ce faire, on dissuade les automobilistes plutôt qu’on ne les aide, on « apaise » la circulation sur les rives du lac moyennant d’interminables bouchons. Quant au bruit d’estaminets les pieds dans l’eau, avec DJ à ciel ouvert, les élus concernés s’en tamponnent.

Conclusion

Talpa envisage un dossier « La connerie tue ». Mais « chut ! »