La vérité et la réalité

La vérité et la réalité

11 avril 2024 0 Par Paul Rassat

« Loin d’être un maître solennel et sévère, la vérité est un serviteur docile et obéissant. Le scientifique  s’abuse lui-même quand il suppose qu’il est un esprit uniquement voué à la recherche de la vérité…Il recherche le système, la simplicité et la portée ; et quand il est satisfait de ces rubriques, il taille la vérité à leur mesure. Il décrète autant qu’il découvre les lois qu’il établit, il dessine autant qu’il discerne les modèles qu’il définit. » Nelson Goodman Manières de faire des mondes.

Le littéral et le métaphorique

L’auteur fait la distinction en le littéral et le métaphorique. La notion de vérité dépend du cadre dans lequel on décide de penser. La vérité est donc un choix duquel découle un enchaînement correct ou non. « Un tableau non figuratif, par exemple, un Mondrian, ne dit rien, ne dénote rien, ne peint rien, n’est ni vrai ni faux, mais montre beaucoup…Nous ferions mieux de parler des théories comme correctes ou incorrectes ; car la vérité des lois d’une théorie n’en est qu’une caractéristique particulière…, son importance se trouve souvent écrasée par la puissance, la concision, la portée, le caractère informatif et le pouvoir d’organisation du système global. »

Toute la vérité ? Trop vaste et banal. Rien que la vérité ? Trop peu… Même la justice n’est qu’une organisation plaquée sur.. ? Sur quoi ? Sur les faits, sur une cohérence trop complexe pour que nous la saisissions ?

Quelle vérité ? Quelle réalité ?

«  Selon l’usage le plus répandu, une image est réaliste dans la mesure où elle est correcte dans le système habituel de représentation. » La notion de réalisme est donc soumise à un cadre de références, à des habitudes. Le réalisme évolue, tout comme la notion de réalité. Les conservateurs tiennent à un cadre fixe, rassurant car ils s’y retrouvent et y retrouvent leurs intérêts accumulés.. Le paradoxe, pour ne pas dire « le mensonge » des libéraux consiste à faire croire-peut-être le croient-ils eux-mêmes-qu’ils prônent un monde ouvert propice à la liberté et à l’épanouissement des citoyens. Ils nous demandent cependant sans cesse de « regarder la réalité en face. » Le propos de Nelson Goodman montre l’intérêt très relatif de cette approche.

La vérité ? Quelle vérité ? La réalité ? Quelle réalité ?