L’allègement des vernis

L’allègement des vernis

25 novembre 2023 Non Par Paul Rassat

Paul Roda et la Fondation Christian Réal proposent une rencontre avec  Paul Saint Bris pour son roman L’allègement des vernis.  Ce sera à 19 heures, le vendredi 1er décembre. Rencontre suivie d’un cocktail très simple. Participation 10 euros. 15 chemin de l’Abbaye, Annecy-le-Vieux. ( Photographie © Christophe Rassat)

En attendant la lecture toute proche du roman et la rencontre avec Paul Saint Bris, voici quelques réflexions qui s’avéreront ou non pertinentes.

Le kitsch et l’allègement

L’allègement des vernis peut relever d’un débat esthétique et technique en matière de restauration d’œuvres d’art. Mais la réflexion permet de  nous mener à la notion de kitsch. Celle-ci a évolué au fil du temps. Dans L’insoutenable légèreté de l’être Kundera en donne une définition. Le kitsch serait ces couches de vernis, de glacis accumulés qui nous coupent d’une relation directe à la réalité. Une sorte d’embourgeoisement que Roland Barthes dénonce dans Mythologies. Ce glacis asphyxiant opère aussi bien dans le domaine des idées que de La cuisine ornementale. Il est le soubassement de la bêtise. Mais comme tout est affaire d’équilibre, jusqu’où décaper ?

La Joconde

Le choix de La Joconde comme sujet de restauration et de discussion semble parfait. Pour la portée mondiale de cette œuvre, bien sûr. Mais pour une autre raison aussi.

Le vide, le moins, l’absence

« L’histoire de la disparition de La Joconde nous a montré ce qui arrive lorsque l’écart entre l’œuvre d’art et la place vide qu’elle occupe est rendu manifeste. Mais il y a encore assez d’espace vide, même sans que l’art ne disparaisse – c’est l’espace sacré, unique que l’œuvre d’art occupe, l’espace qui nous fait demander : « Est-ce de l’art ? » Le problème de cet espace, et sa puissance, c’est qu’on ne peut le voir. L’art peut nous y renvoyer, mais il reste invisible. Il est à la fois ce que l’art nous invite à voir et ce que l’art nous empêche de voir. » Ce sont les dernières lignes de Ce que l’art nous empêche de voir, écrit par Darian Leader.

L’allègement radical de La Joconde

Le besoin d’allègement

L’auteur rappelle que La Joconde n’a jamais eu autant de succès qu’absente. À la suite de son vol en 1911, le public fut plus nombreux à venir voir l’emplacement vide qu’elle avait occupé qu’à être venu l’admirer. C’était alors l’allègement radical par le vide laissant place à la mémoire, à l’imagination, à l’émotion.