L’art, la politique et la réalité

L’art, la politique et la réalité

14 février 2023 Non Par Paul Rassat

Troisième visite à l’exposition de Jérémy Liron. Avec le temps les arbres prennent beaucoup plus de présence. Plus de surface et de profondeur à la fois. Au fil des visites, ils s’affirment. Les formes sont de plus en plus présentes. Elles se détachent avec une grande netteté sur la lumière qui tient lieu de ciel, de fond. De possibilité d’évasion. Cette impression de profondeur s’amplifie et nous invite à entrer dans chaque œuvre exposée. C’est le jeu des teintes et de la lumière qui crée le lien entre tous les éléments composant  chaque tableau. L’art du peintre l’anime.

Une forme d’élévation

Il se dégage même quelque chose de sacré de cette élévation à laquelle nous invite Jérémy Liron. Les couleurs sont à la limite du réel et d’un possible. Notre regard en joue comme nous y sommes conviés par le jeu du peintre. Apparemment simples, les formes constituent un puzzle très complexe qui rejoint la conformation de notre esprit. Une sorte de partie de jeu de go dans laquelle on ne sait plus très bien quelle partie enserre quelle autre. Tout se joue dans un entrelacs de correspondances affichées ou noyées dans la profondeur.

La cuisine de l’art

Cependant, sur deux grands murs, des mosaïques éclatées font le pendant à ces toiles dans lesquelles chaque élément se fond parfaitement dans l’ensemble en demeurant totalement lui-même. Nous rejoignons par d’autres chemins le bœuf à la gelée cuisiné par Françoise qui devient, chez Proust, métaphore de l’œuvre d’art. Chaque élément y est fondu aux autres mais garde sa nature propre.

Échapper à une réalité unique !

Répétons-le, quelle respiration que de fréquenter des travaux artistiques alors qu’on nous demande de plus en plus de regarder la réalité ! Quelle oxygénation d’appréhender d’autres réalités grâce au travail  des artistes ! Surtout pendant que celles et ceux qui siègent à la tête de nos démocraties nous enjoignent de nous soumettre aux contraintes étroites de cette réalité réduite à sec sur le feu de l’économie.