Le château de Menthon, entre Histoire et culture

Le château de Menthon, entre Histoire et culture

26 juin 2023 Non Par Paul Rassat

Rencontre le 24 juin 2023 avec Maurice de Menthon…au château de Menthon. Si le lieu est toujours magnifique, le paysage toujours superbe, le château vit davantage depuis quelques années en s’ouvrant à la culture, à l’art et aux rencontres.

Maurice de Menthon,  d’où viennent ces initiatives, conférences, concerts, expositions…qui ouvrent de plus en plus le lieu aux visiteurs et à a réflexion.

Mon frère Pierre- Henri et moi avons hérité de notre cousin germain Olivier de Menthon qui n’avait pas d’enfant.

C’était donc la possibilité d’une transmission avec vous et vos enfants plus tard.

La nouvelle a d’abord été une décharge électrique, accompagnée de cette responsabilité de transmission. Le château de Menthon est depuis plus de mille ans dans la famille. Il est ouvert aux visites depuis 1920 environ.

Dans le bureu de François de Menthon.

L’État français, je tiens à le souligner, nous a fait bénéficier d’une transmission sans impôt. Il y a en contrepartie un cahier des charges. Nous devons accueillir des visiteurs, nous n’avons rien le droit de vendre. Il y a eu un inventaire et depuis tout est gelé. Bernard Accoyer  nous a aidés à bénéficier de cette loi récente. Il vient souvent assister à nos conférences historiques. Lui-même nous a fait une conférence environnementale sur l’eau. Sur les mesures importantes prises après la guerre pour sauver le lac d’Annecy. Mon oncle, François de Menthon, a participé à cette initiative d’ampleur.

Y-a –t-il quelqu’un de votre famille qui ne soit pas connu pour avoir entrepris quelque chose de significatif ?

C’est mon cas, je ne suis pas connu…

Mais vous lancez ici quelque chose d’important.

De façon très humble. Le château, je le répète, se visitait, mais il était tout de même un peu confidentiel. Depuis 2016, nous l’avons ouvert aux Menthonais, les jardins, les vignes. Celles-ci sont gérées par une association de Menthon et c’est Florent Héritier qui en est le vigneron. Il y a chaque année une fête des vendanges. L’ouverture du château a permis beaucoup de rencontres. Je suis passionné par mon métier de kinésithérapeute…

Qui est justement un métier de rencontres.

Absolument. Je rencontre des gens malades et le retour est très enrichissant. Avec le château, j’ai découvert bien des choses. La permaculture en fait partie, la bioéthique.

Comment est né ce jardin ?

D’une rencontre. Hugues Devries est venu me voir. Il est menthonais et son parcours étonnant. Ingénieur, il est passé par l’école polytechnique de Lausanne. Ceci lui a permis de travailler dans différentes sociétés, dont Somfy. Il a eu envie de changer et m’a demandé si je pouvais lui prêter un petit terrain. Le projet s’est agrandi. Sa formation d’ingénieur lui permet aussi d’organiser des séminaires d’entreprise. Des écoles bénéficient elles aussi  de cette vision qui associe la permaculture et l’écologie humaine. Parfois Florent Héritier s’associe à la démarche.

  Le jardin date du 19 ème siècle. Il a été reconstitué par mon arrière grand père. Nous l’avons ouvert en 2017 / 2018. Un jardin est une aventure jamais finie ! Une aventure de très longue haleine.

C’est le même esprit qui nous a lancés dans les événements culturels. Le premier m’a été suggéré par mon fils. Il s’agit de théâtre. «  Toujours Festival » aura lieu au mois d’août pour la cinquième année. Ce soir débute le Festival de musique classique qui se tient du 24 au 30 juin dans le grand salon. Il existe pour la 3 ème année.

Nous accueillons aussi des expositions artistiques. «  Les légendes botaniques » de cette année est un événement assez extraordinaire. Installer de l’art contemporain dans de l’ancien ! Pour moi, choquer entraîne un questionnement qui ouvre l’esprit. Nous tentons  de comprendre la démarche de l’artiste. Ceci ne m’empêche pas d’aller au Louvre et d’y apprécier un autre type d’œuvres.

Actuellement, beaucoup de politiques pensent que l’art coûte. Tous ces événements culturels que nous accueillons et organisons ne sont pas immédiatement rentables. Cependant, l’ouverture du château nous apporte des retours très positifs. Je pense que nous procédons en bonne intelligence avec notre histoire, avec l’image de notre famille et du château.

Le 15 juin, nous célébrions en famille la Saint Bernard. La date était particulièrement importante puisque qu’il est devenu Saint Patron des alpinistes et des montagnards en 1923. Il y a cent ans. Les Chasseurs Alpins étaient présents, l’Hospice du Grand Saint Bernard aussi. Notre volonté est que le château reste une maison familiale. Si nous l’ouvrons le plus possible aux Menthonais, nous faisons de même avec la famille.

Vous arrive-t-il d’oublier que vous êtes Maurice de Menthon ?

Bien sûr ! Une petite maison dans les Cévennes me permet de me retrouver avec mes enfants. J’y passe un mois, à partir du 14 juillet. Ceci me donne le recul nécessaire par rapport à la multitude d’idées et de projets qui concernent le château. Nous souhaitons finir les jardins, déplacer les paons. Toute une partie, à droite avant l’entrée du château sera restructurée pour laisser place à une jolie volière. La billetterie, la boutique prendront une autre dimension. Nous proposerons de la restauration. D’ailleurs le volet concernant la permaculture va s’enrichir afin de fournir des restaurants. Isabelle Susini s’occupe , elle, d’un très beau projet lié au « Un pour cent pour la planète ». Il s’agit de récupérer un pour cent du bénéfice de grandes sociétés que l’on reverse à des associations comme Water Family.

On comprend assez bien votre philosophie. Pourriez-vous la définir plus précisément ?

Ma belle fille a lancé un événement, «  En gage de sens ». Il rassemble un peu toutes mes pensées. Il faut s’engager et avoir un sens dans l’engagement. Nous espérons apporter cette notion à nos visiteurs. Nous avons ici une chance inouïe d’être dans la nature. Nous devons être à son écoute, en regard avec elle.

Passe alors l’image de Rousseau, l’idée d’un spectacle à lui consacrer au château.

Lorsqu’il est venu dans la région, il donnait des cours de piano, entre autres à Sophie de Menthon. Organiser un concert, un événement consacré à Rousseau aurait donc du sens.

Alors que de nombreux événements de toutes sortes sont organisés à Annecy et dans les environs pour profiter de ce que beaucoup ont coutume d’appeler  « un merveilleux terrain de jeu », le château de Menthon s’inscrit dans une véritable conversation avec son histoire, avec l’environnement, dans la meilleure intelligence possible.