Le discours d’un président

Le discours d’un président

23 novembre 2023 Non Par Paul Rassat

Thierry Lejeune a été président de l’association Asters pendant quatorze années. Il passait la main le 21 novembre 2023 et tenait discours à l’occasion. Le discours humain, humaniste qui colle à sa personnalité. On en serait presque à se dire que l’écologie est d’abord un humanisme.

Hommage aux anciens

— Pour une fois je n’avais rien préparé parce que je ne voulais pas venir. Ce phare porté sur moi et trop personnalisé n’est pas ce que j’aime. Je n’ai rien préparé mais on va y arriver. Je vous remercie tous de vous être déplacés. Il y a des gens que je n’ai pas reconnus, l’âge sans doute. Quoi qu’il en soit, je suis très heureux que vous soyez venus, les anciens d’Asters, du Conservatoire et parmi eux Jean-Pierre Courtin qui a créé cette association…

L’incarnation plutôt que l’artifice

En écoutant les interventions qui ont précédé, j’ai pensé que j’étais décédé. J’ai pensé à une sorte de nécrologie. Vous savez, le corps reste à sa place, et puis l’âme et l’esprit s’élèvent, plus ou moins en fonction de leur poids, j’en conviens. Ils s’élèvent pour voir tous les petits bonshommes d’Asters qui s’activent. Non, je ne suis pas décédé. C’est bien moi qui vous parle et pas une image ou de l’intelligence artificielle.

Tous ensemble…

M’est venue une deuxième impression : on lisait tous les ouvrages de Martine. Martine à la plage, Thierry fait du canoë…Tout ceci n’est pas crédible. On ne vous a dit que des mensonges et je me suis demandé quand ça allait s’arrêter. Ce n’est pas Thierry qui a fait, mais une équipe, avec un directeur. Je ne sais pas qui du président ou du directeur a entraîné l’autre. Vous connaissez tous Christian, avec tous ses travers et ses deux ou trois qualités. Tout ce qui a été fait-beaucoup en quatorze ans- l’a été en équipe. Nous étions tous ensemble à essayer d’innover, de développer, à travailler.

La caravane passe

Je vais quand même m’envoyer quelques compliments puisque c’est le Black Friday cette semaine. Je pense avoir été bienveillant, humble dans mes démarches, efficace, moderne aussi, même si je ne parle pas anglais couramment. Je ne pense pas avoir exercé une présidence brillante : ceci ne correspond pas à ma personnalité. Je n’ai pas cherché à me mettre en avant, à renverser le mobilier. Si je n’ai pas été brillant, j’ai été là… Nous nous sommes parlé, nous avons pris des décisions tous les jours, le duo « directeur / président » a bien fonctionné. Il nous est arrivé d’être un peu tristes, désappointés, je disais alors à Christian «  Les chiens aboient, la caravane passe. » Pendant quatorze ans, la caravane est passée. Les chiens ont aboyé, puis ils ont eu mal à la gorge et se sont tus ou sont allés aboyer ailleurs. Notre caravane continue de passer parce qu’il le faut.

La parabole de l’âne

Quatorze ans, le savez-vous, c’est l’espérance de vie d’un âne africain qui s’appelle l’hémione. L’âne européen peut vivre jusqu’à cinquante-sept ans. J’arrête là la comparaison avec moi, mais le problème de l’âne africain est qu’il a beaucoup de prédateurs. Ce n’est pas vraiment le cas d’Asters, même si nous pourrions tous ensemble dresser une liste. Quatorze ans ? Ce n’est pas important. On pourrait y voir les chiffres barrés sur un calendrier en attente des vacances. Non, ce qui compte est ce que nous avons fait ensemble.

Une pointe d’humour

À son successeur, Emmanuel.

Emmanuel, il n’est pas normal que tu fasses toi aussi des citations. C’était mon style à moi ! Tu vas arrêter tout de suite ! Trouve ton style : chante, crie… Pas de citations, s’il te plaît, surtout si elles sont bonnes. Du Victor Hugo !

Il est question de passation harmonieuse, de la fierté d’avoir participé à l’installation au Manoir de Novel. Et Thierry Lejeune se permet de relire un passage de son intervention au dernier CA. Black Friday oblige.

Humanisme (encore) + émotion vraie

— Nous vivons dans un département fabuleux, doté d’une biodiversité rare et de paysages extraordinaires qui nous laissent chaque jour émerveillés. Que chacun en soit digne et devienne, au-delà des mots, un acteur responsable pour le bien commun. J’ai essayé de l’être dès la création du Conservatoire par Jean-Pierre Courtin en 1987. Je vais terminer-ça ne vous étonnera pas-par une citation. Albert Camus parlait du juste milieu. Aristote lui-même avait abordé cette notion quelques années avant Camus qui disait «  Celui qui désespère est un lâche, celui qui croit à la condition humaine est un fou. »

J’aime être ce fou.