Le peintre hors-la-loi, BD de Frantz Duchazeau, réflexion animée sur l’art…

Davantage qu’une biographie ou qu’un récit

Après Mozart à Paris et l’univers de la musique, l’auteur s’attaque à celui de la peinture. Il s’y attaque vraiment puisque son héros, Lazare Bruandet a vécu la Révolution. Le propos narratif mêle le sang, la violence, la folie, l’alcool, le viol en un tourbillon incessant. S’y heurtent les intérêts des paysans, les aspirations des révolutionnaires, l’armée, les milices, les religieux dans une confusion permanente. En partie biographique et très bien documentée, cette BD a le très grand mérite de dépasser le niveau narratif. Elle est animée du souffle d’un Cyrano, du tumulte qui accompagnait un François Villon.

Une réflexion sur l’art

Le peintre hors-la loi est aussi une réflexion sur le Beau absolu ou bien relié à une époque, sur l’art pour l’art, sur sa relation à la société, sur L’utilité de l’inutile. La beauté est-elle extérieure au peintre ? Celui-ci part-il de motifs qu’il cherche à retrouver dans la nature ? Interrogations qui accompagnent peut-être l’appréhension scientifique de la vision. On a cru d’abord que la lumière du regard émanait de l’œil humain avant d’inverser l’approche. Dedans ? Dehors ? Toujours une question de relation, de rapport.

Quelques phrases ou expressions notées au fil de l’histoire.

Que faire quand le réel n’est plus à la hauteur de nos rêves ? 

Je peins pour arriver à rendre ce que vous dissimulez

Travailler ne sert pas seulement à produire des ouvrages, mais aussi à donner un prix au temps.

L’exactitude n’est pas la vérité. 

La « patte » de Frantz Duchazeau

Le truc, avec Frantz Duchazeau, c’est que rien n’est informatif, démonstratif ni illustratif. Tout semble venir d’une nécessité intérieure comme s’il s’identifiait entièrement à son personnage. Il est Lazare Bruandet comme il est Mozart. Pour ne rien gâter, Frantz a réalisé plusieurs albums avec Fabien Vehlmann dont la taupe apprécie tout particulièrement Les derniers jours d’un immortel.

« Nous sommes tous fous, je pense que la normalité n’existe pas. Chez certains le curseur est dans le rouge et chez d’autres dans le vert. » déclarait Christophe Bourseiller présentant son livre à Talloires. Nietzsche, Maupassant, Artaud, Glenn Gould, Kant, Nerval, Sartre…35 artistes ou intellectuels desquels Christophe Bourseiller, dresse portrait dans Et s’ils étaient tous fous ? Enquête sur la face cachée des génies. Fous ? Ils ont le mérite, comme Lazare Bruandet, de repousser nos frontières un peu plus loin. Ils sont des explorateurs, des « hors-la-loi ».