Le sel de la vie, la nature et la nourriture

Le sel de la vie, la nature et la nourriture

28 août 2023 Non Par Paul Rassat

Épisode huit d’Une brève mais véridique histoire de la gastronomie. Il y est question du sel omniprésent et indispensable à la vie. On y parle aussi de retour à la nature. «  Chasse le naturel, il revient dans l’assiette. » Mais sous quelle forme ? ( La photo représente vraisemblablement l’avenir de l’eau).

Le sel vital

Parmi les substances indispensables à la vie figure le sel dont on privait les prisonniers que l’on voulait voir mourir dans les souffrances les plus atroces. Certains s’ouvraient les veines pour boire leur sang salé !

Eh bien, ce mot sel nourrit toute une famille étymologique : le salaire était chez les Romains la partie de leur solde (lui aussi dérivé du mot sel) qui leur était payée sous la forme d’une ration de sel. Saucisson, salade, saladier, saupoudrer (littéralement « poudrer de sel ») viennent du mot sel, comme le salariat, salarié. Le saladier était au départ le personnage qui fournissait les salades. Quant aux notes salées dans les restaurants….

Du patriarcat au matriarcat dans l’alimentation

Le passage à l’alimentation végétarienne et vegan marquerait ainsi un changement social et culturel, un passage de la société patriarcale et dominatrice à une organisation plus matriarcale en accord avec la nature.

La nature, un luxe ?

Dans « Un festin en paroles », Jean-François Revel écrit en conclusion « La tendance dominante de la gastronomie présente, en cette fin de XX° siècle, me paraît évidente : pour le meilleur et pour le pire, c’est le retour à la nature. Mais aujourd’hui, en cuisine comme ailleurs, la nature est devenue un luxe. »

Ces lignes ont été écrites il y a plus de quarante ans et la situation depuis s’est dégradée, e- quelque chosisée, colorée, exhaustée artificiellement, conservateurisée, industrialisée, lasagneauchevalisée, perturbateur endocrinisée.

La nature contrefaite

Les grands chefs mettent en avant la qualité des ingrédients qu’ils cuisinent, produits pour eux spécialement, ou mieux, issus de leurs potagers. Ils vont cueillir des herbes dans les montagnes environnantes, ils retrouvent ce lien avec la nature  que la société de consommation a détourné au profit d’objets de substitution qu’elle s’ingénie à nous faire désirer au prix fort, nous aliénant ainsi notre propre désir vital.

La véritable gastronomie devrait être à la portée de tous, culturelle, quotidienne, sociale.

Vitale.