L’enfer

L’enfer

16 septembre 2023 Non Par Paul Rassat

L’enfer, c’est bien connu, est pavé de bonnes intentions. Et avec les pavés pleuvaient les slogans de mai 68 sous lesquels d’aucuns ont trouvé leur plage. Mais on a remplacé les pavés par du goudron sans aller cependant jusqu’à le garnir de plumes. Trop western.

Nos anges gardiens

Oui, l’enfer est pavé de bonnes intentions. Le chef de l’État se présente comme le protecteur de la nation garant de notre sécurité. Les menaces d’une maladie deviennent une guerre. Comment peut-on alors en vouloir à celui qui se présente comme votre ange gardien ? Il faut être bien ingrat ! Sauf si celui-ci endosse, mal de surcroît, le rôle du père qu’il n’est ni biologiquement, ni symboliquement. Nos zélus devraient lire attentivement Freud. L’actuel chef de État ressemblerait d’ailleurs assez à un coucou faisant sien le nid, les idées des autres.

Pompier pyromane ?

Toujours est-il que le rôle de l’État est d’assurer la sécurité de ses citoyens. À quel prix ? Quel équilibre s’instaure  entre sécurité et perte de liberté individuelle ? Qui y gagne ?  Nos dirigeants et aspirants zélus ont-ils intérêt à élever notre niveau de stress, de peur, d’angoisse ? Ils seraient alors les pompiers qui éteignent mal le feu qu’ils ont allumé !  Des apprentis sorciers. La délocalisation en est une illustration.

Casto en politique

Nos dirigeants, en réalité, bricolent. Comme beaucoup d’entre nous pourraient le faire. Ils vont même jusqu’à soutenir qu’ils ont appris pendant leur mandat, qu’ils ont changé, dans l’espoir d’un nouveau mandat. Le « Je vous ai compris » prononcé par de Gaulle est toujours d’actualité.

Sodomokinésie

Il n’est de réunion où l’on ne met en avant l’esprit de bienveillance, le respect, l’écoute. Édulcorants, lénifiants de la pensée qui permettent l’intromission de ce que Umberto Eco nomme la sodomokinésie dans les débats. Tous ces ersatz relèvent eux aussi d’une forme de bricolage censé écoper la prise d’eau de la démocratie telle qu’on la pratique. Industriels et dirigeants privilégient depuis trop longtemps le divertissement pour endormir et manipuler la société. Ils en paient le prix. C’est l’effet boomerang. Notre caricature de démocratie ne repose plus que sur de pseudo mathématiques qui se réduisent à des additions ou à des soustractions. C’est la personne qui remporte de plus de voix qui est élue. C’est oublier l’esprit critique, une bonne information, la curiosité personnelle développée par l’enseignement et bien d’autres facteurs qui doivent concourir à l’établissement d’un vote éclairé. Nous en sommes bien loin.

L’enfer ?

Nous étions partis de la notion d’enfer. L’aurions-nous perdue de vue ? Que nenni ! Le réchauffement climatique nous y mène tout droit. Fallait garder les pavés pour retrouver la plage.